Saviez-vous que le serpent d’herbe peut rester jusqu’à 30 minutes en apnée sous l’eau ? Présent partout en France, ce reptile discret est pourtant souvent confondu avec une vipère, à tort.
Il fréquente nos jardins, nos haies ou les abords des mares, sans que l’on s’en aperçoive. Non seulement il n’est pas dangereux, mais il joue même un rôle précieux dans nos écosystèmes. Voici 7 choses essentielles à savoir sur ce serpent méconnu que vous avez probablement déjà croisé… sans le voir.
1 – Il ne faut pas le confondre avec une vipère
Des signes distinctifs clairs pour l’identifier
La confusion entre le serpent d’herbe et la vipère est fréquente, surtout chez les promeneurs ou jardiniers peu familiers des reptiles. Pourtant, plusieurs détails permettent de reconnaître Natrix natrix, aussi appelée couleuvre à collier, d’un simple coup d’œil.
- Elle porte deux taches jaunes ou blanchâtres derrière la tête, formant une sorte de collier bien visible.
- Son corps est élancé, pouvant mesurer jusqu’à 1 mètre 20, parfois plus pour les femelles.
- Ses yeux ont des pupilles rondes, à l’inverse des vipères qui ont des pupilles verticales.
- Ses écailles sont lisses et brillantes, alors que celles de la vipère sont souvent rugueuses.
- Elle se déplace rapidement, en ondulant souplement, sans le comportement saccadé typique des vipères.
Ces critères permettent une identification fiable, sans besoin de s’approcher.
Couleuvre vs vipère : les différences clés
Voici les différences principales entre ces deux espèces souvent confondues :
- La vipère est plus courte et trapue, rarement au-dessus de 70 cm, avec une tête triangulaire.
- La couleuvre à collier, ou serpent d’herbe, est plus fine, avec une tête ovale et moins marquée.
- Le comportement diffère aussi : la vipère reste souvent immobile en cas de danger, tandis que le serpent d’herbe s’enfuit rapidement.
- L’habitat peut varier : si les deux aiment la chaleur, le serpent d’herbe recherche souvent la proximité de l’eau.
Ces éléments permettent de rassurer les personnes qui croisent un serpent dans leur jardin ou sur un chemin de campagne.
2 – Le serpent d’herbe est totalement inoffensif pour l’homme
Il n’a aucun venin dangereux
Contrairement à une idée tenace, le serpent d’herbe n’est absolument pas venimeux. Il fait partie de la famille des colubridés, qui regroupe la majorité des serpents non dangereux présents en Europe.
Même si certaines couleuvres du monde possèdent un venin léger utilisé pour la chasse, Natrix natrix n’a pas de glandes venimeuses capables de nuire à l’humain.
Sa morsure est extrêmement rare et, si elle survient, elle est comparable à une égratignure sans gravité, souvent due à une manipulation non appropriée.
Aucun cas médical sérieux n’est lié à une morsure de serpent d’herbe en France, ce qui en fait un animal inoffensif, même pour les enfants ou les animaux domestiques.
Il préfère fuir plutôt qu’attaquer
Le serpent d’herbe est un reptile craintif qui fuit à la moindre vibration ou approche. Lorsqu’il se sent en danger, il utilise plusieurs stratégies de défense totalement inoffensives :
- Il fuit rapidement dans les hautes herbes ou vers un point d’eau.
- Il peut se rouler sur le dos, bouche ouverte et langue pendante, pour simuler la mort (thanatose).
- Il peut aussi émettre une odeur nauséabonde depuis son cloaque, une méthode dissuasive mais inoffensive.
Ces comportements montrent bien que ce serpent n’a aucune intention d’attaquer ou de représenter une menace. Il préfère éviter le contact humain à tout prix.
3 – Il est semi-aquatique et adore les zones humides
Un excellent nageur et apnéiste
Le serpent d’herbe n’est pas seulement terrestre : il est aussi parfaitement à l’aise dans l’eau. Il fait partie des rares reptiles français capables de vivre en milieu semi-aquatique. Grâce à sa morphologie élancée, il nage avec fluidité, ondulant gracieusement pour chasser ou fuir un danger.
Mais ce qui impressionne le plus, c’est sa capacité à rester en apnée pendant plus de 20 minutes, parfois jusqu’à 30 minutes dans certains cas documentés. Cela lui permet de se dissimuler au fond de l’eau, sous les algues ou entre les roseaux, avant de remonter discrètement pour respirer.
Son régime alimentaire en dépend : il chasse dans l’eau et se nourrit principalement d’amphibiens (grenouilles, crapauds, tritons) ainsi que de petits poissons.
Où l’observer en France ?
Le serpent d’herbe est largement répandu en France métropolitaine, à l’exception des zones de haute altitude ou très urbanisées. Il est particulièrement fréquent :
- le long des zones humides (étangs, mares, fossés, marécages)
- dans les prairies humides, les jardins avec bassin, ou les lisières de forêts
- parfois même dans les parcs périurbains ou les zones agricoles
On peut l’apercevoir au printemps et en été, souvent en train de se réchauffer au soleil sur une pierre, un muret ou une berge. Sa couleur cryptique (olive, gris-vert, parfois brun) la rend difficile à repérer dans les herbes hautes, d’où son surnom populaire de “serpent d’herbe”.
4 – C’est un prédateur utile au jardin et à l’écosystème
Son régime alimentaire est très ciblé
Souvent perçue à tort comme une menace, la couleuvre à collier joue au contraire un rôle très bénéfique pour l’équilibre naturel, y compris dans les jardins.
Elle consomme essentiellement :
- des amphibiens (têtards, grenouilles, tritons)
- des petits poissons, quand elle vit près d’un plan d’eau
- parfois de petits rongeurs, comme les jeunes mulots ou campagnols
- plus rarement des insectes ou d’autres petits reptiles
Grâce à cette alimentation, elle participe à la régulation naturelle des populations d’espèces qui peuvent devenir envahissantes ou nuisibles.
Un rôle écologique souvent méconnu
Le serpent d’herbe est également un maillon essentiel dans la chaîne alimentaire. Il est prédaté par de nombreux animaux, notamment :
- les hérons, cigognes et autres oiseaux piscivores
- les rapaces comme la buse variable
- les mammifères carnivores comme la martre ou le renard
Son déclin aurait donc un impact en cascade sur plusieurs espèces de nos campagnes.
D’ailleurs, dans certains pays d’Europe de l’Ouest, la couleuvre à collier est protégée par la loi.
En France, elle n’est pas protégée au niveau national mais peut l’être localement, comme en Île-de-France ou en Bretagne, en raison de la dégradation de ses habitats naturels ([source en bleu sur site de référence comme l’INPN ou un Parc naturel régional]).
5 – Il vit longtemps et se reproduit au printemps
Une longévité étonnante pour un reptile sauvage
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, le serpent d’herbe n’est pas un animal éphémère. En liberté, sa durée de vie moyenne est estimée entre 20 et 25 ans, ce qui est remarquable pour un reptile vivant dans un environnement sauvage soumis aux prédateurs et aux aléas climatiques.
Il atteint sa maturité sexuelle entre 3 et 4 ans, et peut donc avoir plusieurs dizaines de portées au cours de sa vie, si les conditions sont favorables.
La reproduction et les petits serpenteaux
La reproduction du serpent d’herbe est un moment clé de son cycle biologique. Elle a lieu au printemps, généralement entre avril et juin, juste après la sortie d’hibernation.
Le mâle repère la femelle par son odeur hormonale et l’accouplement peut parfois donner lieu à de véritables amas de serpents, surnommés “mariages de serpents”, où plusieurs mâles entourent une seule femelle.
Quelques semaines plus tard, la femelle pond entre 10 et 30 œufs, dans un endroit chaud et humide :
- un tas de compost
- un tas de bois en décomposition
- un tas de feuilles mortes
Les œufs éclosent fin août ou début septembre, et les jeunes serpenteaux, déjà autonomes, mesurent environ 15 cm à la naissance. Ils ressemblent beaucoup aux adultes, mais sont plus foncés, avec des couleurs parfois plus marquées.
Conclusion
Le serpent d’herbe, ou couleuvre à collier, est un reptile non venimeux, discret et utile, souvent mal identifié et injustement craint.
On peut le distinguer facilement de la vipère, il vit près des zones humides, se nourrit de grenouilles et petits rongeurs, et joue un rôle écologique clé. Longévif, paisible, et parfois visible dans nos jardins, il mérite d’être mieux connu… et protégé.