Les Seychelles abritent un géant placide qui fascine le monde entier. Cette tortue terrestre peut vivre plus de 150 ans, peser jusqu’à 300 kilos, et jouer un rôle écologique majeur. Mais connaissez-vous vraiment son histoire, ses records, ses menaces ? Voici tout ce que les articles classiques ne vous racontent pas.
Une tortue géante comme nulle autre au monde
Taille, poids et longévité hors normes
La tortue des Seychelles, ou Aldabrachelys gigantea, porte bien son nom. À l’âge adulte, elle peut atteindre 1,20 mètre de long et peser entre 150 et 300 kilos. Certaines femelles sont plus petites, mais les mâles dominent souvent par leur gabarit.
Côté longévité, c’est l’un des animaux terrestres les plus impressionnants. En liberté, ces tortues dépassent souvent les 100 ans, et plusieurs spécimens en captivité ont atteint ou dépassé 180 ans.
Le plus célèbre d’entre eux ? Jonathan, une tortue des Seychelles vivant à Sainte-Hélène, née en… 1832.
Une morphologie adaptée à son île natale
Leur carapace bombée en forme de dôme protège efficacement des prédateurs, et leur long cou leur permet de brouter la végétation basse sans se déplacer trop souvent. Leurs membres robustes et écaillés leur donnent une stabilité étonnante, même sur terrain rocailleux ou sablonneux.
Ces adaptations sont typiques des tortues terrestres insulaires évoluant en l’absence de grands prédateurs.
Record mondial : la tortue la plus vieille du monde vit encore aujourd’hui
Jonathan, cité plus haut, est l’animal terrestre vivant le plus âgé jamais enregistré. En 2025, il fêtera ses 193 ans. Ce record est validé par le Guinness World Records.
Sa longévité extrême s’explique par plusieurs facteurs : une croissance lente, un métabolisme basal très faible, et une protection contre les maladies par son mode de vie calme et isolé.
🧠 À retenir
La tortue des Seychelles détient des records de taille, de poids et de longévité. Certaines vivent près de deux siècles, comme Jonathan, né avant l’invention de la machine à écrire.
Où vit réellement la tortue des Seychelles ?
L’archipel d’Aldabra : un sanctuaire presque intact
La plus grande population sauvage vit sur l’atoll d’Aldabra, un site classé patrimoine mondial de l’UNESCO. Situé à plus de 1 100 km de Mahé, cet écosystème quasi vierge abrite plus de 100 000 tortues géantes.
Protégée des humains, cette zone offre à ces reptiles un refuge unique où ils peuvent évoluer librement. C’est l’une des plus grandes populations de reptiles sauvages au monde.
Les autres îles où vous pouvez l’observer
Bien que la majorité des individus vivent à Aldabra, on trouve aussi des tortues des Seychelles sur d’autres îles, souvent dans des réserves naturelles ou jardins botaniques : Mahé, La Digue, Curieuse ou Cousin Island.
Ces tortues ont été réintroduites manuellement dans ces lieux à des fins de conservation, d’éducation ou d’écotourisme.
En captivité : zoos, réserves et programmes de réintroduction
La tortue des Seychelles est aujourd’hui présente dans de nombreux zoos et parcs zoologiques à travers le monde : Doué-la-Fontaine (France), Jersey, San Diego, etc. Ces lieux participent souvent à des programmes de reproduction, avec l’objectif de préserver la diversité génétique de l’espèce.
Bon à savoir : certaines tortues captives retournent un jour dans l’océan Indien dans le cadre de programmes de réintroduction supervisés.
🧠 À retenir
La tortue des Seychelles vit à l’état sauvage à Aldabra, mais vous pouvez aussi l’observer sur d’autres îles de l’archipel ou dans certains zoos impliqués dans sa conservation.
Que mange la tortue des Seychelles ?
Un régime herbivore… mais opportuniste
La tortue géante est avant tout herbivore. Elle se nourrit principalement de :
- Herbes et feuilles des buissons locaux
- Fruits tombés au sol
- Fleurs, écorces, champignons
Mais en cas de disette, elle peut s’adapter et consommer des cadavres, des excréments ou des invertébrés. Ce comportement opportuniste est rare mais documenté.
Son rôle crucial dans l’écosystème insulaire
En se nourrissant et en se déplaçant lentement, la tortue joue un rôle majeur dans la régénération de la flore :
- Elle diffuse les graines dans ses excréments
- Elle modifie la structure végétale par son broutage intensif
- Elle contribue à maintenir des paysages ouverts, évitant l’enfrichement
À elle seule, cette espèce façonne l’environnement de manière durable.
Nourriture en captivité : que lui donne-t-on à manger ?
Dans les réserves ou les parcs zoologiques, l’alimentation est variée mais adaptée à son métabolisme :
- Légumes frais : endives, carottes, poivrons
- Fruits riches en eau : melon, pastèque
- Foin ou luzerne séchée pour l’apport en fibres
- Suppléments minéraux pour éviter les carences
La clé est de limiter les excès caloriques pour éviter l’obésité, une pathologie courante chez les tortues en captivité.
🧠 À retenir
Herbivore dans la nature, la tortue des Seychelles joue un rôle écologique essentiel. En captivité, son régime doit rester pauvre en calories mais riche en fibres.
Reproduction et croissance : une lenteur fascinante
Ponte, incubation et naissance des bébés tortues
Chez la tortue des Seychelles, la reproduction suit un cycle lent, comme presque tout dans sa vie. Les femelles atteignent la maturité sexuelle vers 20 à 30 ans, parfois plus.
Elles pondent jusqu’à 25 œufs, qu’elles enfouissent dans le sable ou la terre meuble. L’incubation dure environ 100 à 120 jours, selon la température ambiante. Il n’y a aucun soin parental : les petits doivent survivre seuls dès la naissance.
Seuls quelques individus sur des dizaines d’œufs atteindront l’âge adulte. Les jeunes sont fragiles, souvent victimes de prédateurs ou de la déshydratation.
Croissance ultra-lente, maturité tardive
La croissance est extrêmement lente. En captivité, une tortue peut peser à peine 5 kg à l’âge de 10 ans. Dans la nature, cela peut être encore plus lent. Il faut souvent plus de 40 ans pour qu’un individu atteigne sa taille adulte.
Cette lenteur est un désavantage en cas de menaces soudaines, mais c’est aussi ce qui explique leur longévité exceptionnelle.
Pourquoi les jeunes sont si vulnérables dans les premières années
Contrairement aux adultes, les juvéniles possèdent une carapace plus fine et moins protectrice. Ils sont ainsi plus vulnérables aux :
- Chutes de température
- Oiseaux prédateurs, comme les hérons
- Rats, cochons ou chiens introduits par l’homme
- Périodes de sécheresse prolongées
La mortalité infantile est donc élevée, ce qui rend chaque naissance réussie d’autant plus précieuse pour la survie de l’espèce.
🧠 À retenir
Chez la tortue des Seychelles, tout est lent : croissance, maturité, reproduction. Cette lenteur est à la fois une merveille biologique et une fragilité.
Une espèce menacée malgré son apparente robustesse
Menaces passées : chasse, commerce et colonisation humaine
Avant le XXe siècle, des milliers de tortues géantes ont été capturées pour servir de réserve de nourriture vivante sur les navires. Leur capacité à survivre plusieurs mois sans eau ni nourriture les rendait tristement pratiques pour les marins.
La colonisation des îles a aussi entraîné la destruction de leurs habitats, la compétition avec le bétail, et l’introduction d’espèces prédatrices (rats, chiens, chèvres).
Certaines sous-espèces ont totalement disparu.
Menaces actuelles : climat, espèces invasives, tourisme
Aujourd’hui, les principales menaces sont :
- Le réchauffement climatique, qui affecte la disponibilité de l’eau douce et modifie les cycles de reproduction
- Les incendies naturels ou d’origine humaine
- Le piétinement et la dégradation de l’habitat dans les zones touristiques
- Les maladies émergentes, encore peu étudiées mais potentiellement graves
La croissance du tourisme nécessite aussi une régulation stricte, car le dérangement répété des tortues peut perturber leur comportement.
Statut de conservation et mesures internationales
La tortue des Seychelles est classée “vulnérable” par l’UICN. Elle bénéficie de nombreuses protections :
- Interdiction du commerce international via la CITES
- Programmes de reproduction et de réintroduction sur plusieurs îles
- Surveillance des populations à Aldabra et dans les zoos partenaires
Des ONG locales et internationales veillent à sa préservation, avec le soutien du gouvernement seychellois.
🧠 À retenir
Malgré sa longévité et sa taille, la tortue géante des Seychelles reste vulnérable face aux activités humaines et au dérèglement climatique.
Observer les tortues aux Seychelles : conseils et éthique
Les meilleurs spots pour les voir dans la nature
Si vous rêvez de rencontrer ces géants dans leur habitat naturel, privilégiez :
- Curieuse Island, proche de Praslin : accessible et bien aménagée
- L’atoll d’Aldabra : réservé aux voyageurs aventureux (accès réglementé)
- La Digue : tortues visibles dans certains domaines ou jardins botaniques
- Île Cousin et Île Moyenne, où elles sont réintroduites et protégées
Ces lieux offrent une expérience authentique, tout en soutenant leur conservation.
Comportement à adopter pour les approcher sans les déranger
Même si elles semblent paisibles, ces tortues restent des animaux sauvages. Il est essentiel de respecter quelques règles :
- Ne pas grimper sur leur carapace, ni les toucher inutilement
- Garder une distance de 1 à 2 mètres
- Ne pas les nourrir, sauf si l’activité est encadrée par un guide
- Ne pas bloquer leur passage : elles doivent pouvoir se déplacer librement
Des guides locaux formés vous aideront à observer tout cela dans le respect de l’animal.
Peut-on vraiment nager avec elles ? Ce que disent les biologistes
Il existe une confusion fréquente entre la tortue géante terrestre (Aldabrachelys gigantea) et la tortue marine verte qu’on peut croiser dans les lagons des Seychelles.
Vous ne nagerez jamais avec une tortue géante, car elle vit exclusivement sur terre.
En revanche, dans les eaux de Mahé ou Praslin, vous pouvez rencontrer des tortues marines, comme la tortue imbriquée ou la tortue verte, lors de sorties encadrées.
🧠 À retenir
Voir les tortues des Seychelles dans la nature est un privilège. Il faut les observer avec respect et ne pas confondre les tortues terrestres avec leurs cousines marines.
Conclusion
La tortue des Seychelles n’est pas qu’un reptile impressionnant par sa taille. C’est un trésor vivant, vieux de plusieurs siècles, témoin de l’histoire naturelle de notre planète. Sa lenteur cache une complexité fascinante : écologie, reproduction, adaptation, mais aussi fragilité face à l’homme et au climat.
L’observer, c’est plonger dans un monde préhistorique… et comprendre à quel point notre devoir est de le protéger.
✍️ Cet article a été rédigé par Thomas G ( Naturaliste autodidacte & photographe terrain)

Certains collectionnaient des cartes Pokémon, d’autres se disputaient des billes. Thomas, lui, observait déjà des serpents. Aujourd’hui, il partage ce qu’il apprend sur le terrain — avec une passion brute, et quelques piqûres d’orties en prime.