Quand on pense à une tortue terrestre, on imagine souvent un animal lent, paisible, facile à vivre. Mais la tortue des steppes, elle, est bien plus qu’un reptile tranquille : c’est une véritable survivante des climats extrêmes, rustique, maligne et étonnamment active.
Voici 10 vérités essentielles à connaître sur cette espèce robuste et attachante, encore trop méconnue.
Une tortue robuste venue des steppes d’Asie centrale
Son aire de répartition naturelle
La tortue des steppes (Testudo horsfieldii), aussi appelée tortue russe ou tortue de Horsfield, est originaire d’une vaste région couvrant plusieurs pays : sud de la Russie, Kazakhstan, Ouzbékistan, Turkménistan, Iran, Afghanistan et jusqu’au nord de la Chine.
Elle vit dans des zones semi-désertiques ou steppiques, souvent situées à plus de 1 000 mètres d’altitude.
On la retrouve dans des zones sèches, rocheuses ou sablonneuses, parsemées d’herbes rases et d’arbustes épars. Elle creuse des terriers pour se protéger de la chaleur comme du froid.
Un milieu sec, rude et très ensoleillé
Dans son habitat d’origine, la tortue des steppes subit des écarts de température extrêmes. Les étés sont brûlants et secs, les hivers froids et rigoureux, avec parfois de la neige.
Pourtant, cette tortue a su s’adapter : elle limite ses déplacements lors des périodes les plus hostiles et passe jusqu’à 9 mois par an en dormance (hibernation ou estivation).
Cette capacité d’adaptation explique en partie pourquoi elle est si populaire chez les terrariophiles : elle supporte bien la captivité, à condition de retrouver des conditions proches de son milieu naturel.
Une adaptation parfaite à la vie au sol
La tortue des steppes est strictement terrestre. Elle ne grimpe pas, ne nage pas et préfère fouiller le sol pour chercher sa nourriture ou creuser des galeries pour s’abriter. Ses pattes sont puissantes et adaptées à la fouille, notamment à l’avant.
Cette vie au ras du sol l’a aussi rendue très méfiante. Elle se réfugie rapidement dans son terrier au moindre danger, ou s’enfouit à moitié dans le substrat si elle se sent observée.
🧠 À retenir
Originaire d’Asie centrale, la tortue des steppes est une espèce terrestre parfaitement adaptée à la sécheresse, au froid et à la vie fouisseuse.
Un physique compact… mais trompeur
Carapace, membres, griffes : ce qu’il faut observer
La tortue des steppes se reconnaît à sa carapace bombée, courte et large, souvent de couleur brun-olive avec des motifs plus foncés. Le plastron (dessous de la carapace) est clair, parfois avec des taches noires. Sa petite taille (environ 15 à 20 cm adulte) en fait une espèce facile à loger, notamment en extérieur.
Ses membres sont forts, bien musclés, et se terminent par de puissantes griffes, idéales pour creuser. Son bec, comme chez toutes les tortues, lui sert à couper les végétaux.
Différences entre mâle et femelle
La distinction entre les sexes est possible à l’âge adulte, autour de 4 à 6 ans. Le mâle est généralement plus petit, possède une queue plus longue et épaisse, recourbée sous le plastron. Son plastron est légèrement concave (creux), pour faciliter l’accouplement.
La femelle, plus grande, a une queue courte et un plastron plat. Elle peut pondre 2 à 4 œufs plusieurs fois par an, si les conditions sont réunies.
Un détail curieux : elle n’a que quatre doigts à l’avant
Contrairement à la plupart des tortues terrestres qui possèdent cinq doigts, la tortue des steppes n’en a que quatre à chaque patte avant. Ce détail anatomique est unique parmi les tortues du genre Testudo et permet une identification rapide.
Cette particularité ne gêne en rien sa motricité : au contraire, ses membres antérieurs sont de véritables outils de fouille.
🧠 À retenir
Petite et trapue, la tortue des steppes se distingue par sa carapace robuste, ses pattes puissantes… et ses quatre doigts à l’avant seulement.
Un mode de vie rythmé par la chaleur
Une tortue diurne, fouisseuse et héliophile
La tortue des steppes est active le jour, surtout le matin et en fin d’après-midi, lorsque les températures sont plus douces. Elle adore le soleil : c’est une espèce héliophile, qui a besoin d’une forte exposition aux UVB pour synthétiser la vitamine D3, essentielle à la solidité de sa carapace.
Elle consacre une grande partie de sa journée à explorer son territoire, chercher de la nourriture, ou creuser pour aménager son terrier.
Hibernation : un besoin vital à bien préparer
Dans la nature, cette tortue hiberne de 4 à 9 mois selon les régions. En captivité, une hibernation annuelle est fortement conseillée si l’animal est en bonne santé. Elle se prépare progressivement : baisse de l’alimentation, diminution de la température et de la durée d’éclairage.
L’hibernation peut se faire en caisson, en cave, ou en extérieur (dans un abri bien isolé). Sans hibernation, la tortue peut développer des troubles métaboliques et du stress.
En captivité : attention à l’humidité et à la température
Cette espèce n’aime pas l’humidité. Elle a besoin d’un sol sec, drainant, avec des zones d’ombre et d’autres très ensoleillées. La température idéale de jour est de 25 à 30 °C, avec un point chaud à 32-35 °C sous la lampe. La nuit, elle peut descendre à 18-20 °C.
Une lampe UVB est indispensable, tout comme une source de chaleur localisée. En extérieur, l’enclos doit être exposé au sud, bien clôturé, et à l’abri des inondations.
🧠 À retenir
Active, diurne et sensible au climat, la tortue des steppes a besoin de chaleur, de lumière et d’un environnement sec pour rester en bonne santé.
Son régime alimentaire : uniquement végétal (ou presque)
Ce qu’elle mange à l’état sauvage
La tortue des steppes est principalement herbivore, bien qu’elle puisse consommer occasionnellement de petits invertébrés si l’occasion se présente. Dans la nature, elle se nourrit de :
- Herbes sèches et feuillages de steppe,
- Fleurs sauvages, notamment les pissenlits, trèfles et mauves,
- Plantes grasses, parfois épineuses, très riches en fibres,
- Racines, tiges, bourgeons, glanés lors de ses déplacements.
Elle compense la faible valeur nutritionnelle de sa nourriture par une grande variété végétale. Son appareil digestif est adapté à des aliments pauvres, secs et fibreux, avec un transit lent.
Comment la nourrir en captivité
En captivité, son régime doit rester strictement végétal : l’apport de protéines animales peut entraîner des troubles graves (goutte, déformation de la carapace, surcharge rénale).
Voici les végétaux à privilégier :
- Pissenlits, plantain, trèfle, liseron, luzerne,
- Fanes de radis, de carottes ou de navets,
- Fleurs comestibles (hibiscus, capucine, rose trémière),
- Un peu de fleurs séchées ou foin riche en fibres l’hiver.
Les fruits doivent rester très occasionnels : trop sucrés pour son système digestif. L’eau doit être toujours disponible, même si elle boit peu.
Aliments interdits et erreurs à éviter
Certaines erreurs sont fréquentes et peuvent mettre sa santé en danger :
- Aliments riches en eau (laitue, tomate, concombre) → provoquent des diarrhées.
- Fruits fréquents (fraises, melon, banane) → trop sucrés.
- Croquettes, viande, œufs, pain, laitage → totalement inadaptés.
- Carences si elle est nourrie toujours avec les mêmes aliments.
Un complément en calcium (os de seiche, poudre de calcium) est indispensable, surtout pour les juvéniles ou en période de croissance.
🧠 À retenir
Herbivore strict, la tortue des steppes doit être nourrie avec des plantes riches en fibres, pauvres en eau et sans protéines animales.
Bien l’accueillir chez vous : enclos extérieur ou terrarium ?
Les conditions idéales en extérieur
La meilleure solution pour cette espèce reste un enclos extérieur, bien exposé au sud, avec :
- Un sol sec et meuble, pour qu’elle puisse creuser,
- Des zones d’ombre (buissons, tuiles, cabane),
- Une zone de terre meuble, pour l’hibernation en pleine terre si possible,
- Une clôture enfoncée d’au moins 30 cm, car elle creuse !
L’espace doit faire au moins 4 m² par individu. Il faut aussi la protéger des prédateurs (chiens, corneilles, rats), des chutes de température brutales ou des inondations.
Quand un terrarium devient nécessaire
Le terrarium intérieur ne doit être qu’un choix par défaut : jeune âge, mauvaise saison, convalescence ou impossibilité d’avoir un jardin. Il doit être spacieux (120 x 60 cm minimum pour un adulte), avec :
- Une lampe chauffante (32-35 °C au point chaud),
- Une lampe UVB 10%, indispensable,
- Un substrat sec et meuble (terre, sable non poussiéreux, copeaux de hêtre),
- Une cachette, une soucoupe d’eau, quelques pierres plates.
Il faut éviter l’humidité et les changements brusques de température. Le terrarium n’est pas une maison permanente pour cette espèce.
Accessoires indispensables pour son bien-être
Que ce soit en intérieur ou en extérieur, quelques accessoires sont indispensables :
- Bac d’eau peu profond, changé tous les jours,
- Cachettes sombres et fraîches,
- Pierre à lécher ou os de seiche (calcium),
- Balance pour surveiller son poids,
- Et surtout : de l’espace et du calme.
🧠 À retenir
La tortue des steppes vit mieux en extérieur, mais peut s’adapter à un terrarium si les conditions sont rigoureusement respectées.
Une tortue domestique qui vit (très) longtemps
Espérance de vie : préparez-vous à un long compagnonnage
La tortue des steppes peut vivre entre 40 et 60 ans, voire plus dans de bonnes conditions. Ce n’est pas un animal de compagnie à court terme : elle peut vous accompagner toute votre vie — ou celle de vos enfants.
Cette longévité suppose une prise de responsabilité importante : son adoption doit être réfléchie, car l’animal peut facilement vous survivre. De nombreux particuliers les confient à des refuges faute d’anticipation.
Santé : les signes qui doivent alerter
C’est une espèce rustique, mais certains signes doivent vous inquiéter :
- Yeux gonflés ou fermés,
- Bec trop long, qui gêne l’alimentation,
- Carapace molle ou bosselée chez un jeune,
- Refus de s’alimenter ou perte de poids brutale,
- Écoulements par les narines, respiration bruyante.
Une consultation chez un vétérinaire NAC est alors indispensable. La plupart des pathologies viennent d’une mauvaise alimentation ou d’un environnement inadapté (trop humide, pas assez chaud, pas de rayons UVB…).
Adopter ou acheter une tortue des steppes : ce qu’il faut savoir
La détention de cette espèce est légale en France, mais elle est protégée par la convention de Washington (CITES). Pour en posséder une, vous devez :
- Acheter un individu issu de captivité (naissance légale, certificat de cession),
- Détenir un certificat intra-communautaire (CIC) fourni par l’éleveur ou le vendeur,
- Faire une déclaration de détention si vous possédez plusieurs spécimens.
Évitez à tout prix les tortues sauvages ou issues de trafics. Les animaux importés illégalement ont souvent une espérance de vie réduite, sont mal acclimatés et transportent parfois des parasites.
🧠 À retenir
La tortue des steppes vit plusieurs décennies : son adoption engage à long terme, avec des obligations légales et sanitaires à respecter.
Conclusion
Rustique, attachante, discrète mais pleine de ressources, la tortue des steppes mérite d’être mieux connue. Son mode de vie unique, sa longévité impressionnante et ses besoins spécifiques en font une compagne à part entière, bien loin des idées reçues.
Comprendre ses origines, son alimentation, son habitat et sa physiologie, c’est la première étape pour l’accueillir avec respect et l’accompagner durablement.
✍️ Cet article a été rédigé par Camille R. ( Soigneuse animalière & passionnée de reptiles)

Camille soigne des reptiles au quotidien. Elle connaît par cœur les caprices d’un gecko, les habitudes d’une couleuvre, et les questions qu’on lui pose toujours (“Mais… ça mord ?”).