Chaque année, environ 1 000 personnes sont mordues par un serpent en France. Dans la majorité des cas, il s’agit de vipères, les seuls serpents venimeux du territoire métropolitain.
Si toutes les morsures ne mènent pas à une urgence vitale, un mauvais réflexe peut sérieusement aggraver la situation. Vous ou quelqu’un de votre entourage êtes mordu ? Voici les 10 réflexes qui peuvent littéralement vous sauver la vie.
1. Restez calme et limitez vos mouvements
Le premier danger après une morsure de serpent venimeux, c’est la panique. En s’agitant, en courant ou en criant, on accélère la circulation du sang… et donc la diffusion du venin. Cela peut provoquer des complications plus rapides et plus graves.
Installez-vous dans une position confortable, idéalement allongée, et respirez profondément. L’objectif est de ralentir votre rythme cardiaque et de réduire les mouvements du membre touché.
Le calme est votre meilleure défense dans les premières minutes. Mettez-vous à l’abri de la chaleur ou du froid extrême si possible, et attendez.
2. Éloignez-vous prudemment du serpent
Le serpent peut rester à proximité de l’endroit où il a mordu. Il faut donc s’éloigner lentement, sans gestes brusques, sans courir. La plupart des serpents, y compris les vipères, sont peu agressifs et mordent uniquement en situation de stress ou de surprise.
Mais si vous tentez de les approcher, ils peuvent mordre une seconde fois.
Ne cherchez ni à capturer ni à tuer le serpent. C’est inutile, potentiellement dangereux et illégal en France. En effet, toutes les espèces de serpents françaises sont protégées, y compris les vipères. Concentrez-vous plutôt sur votre propre sécurité et celle de vos proches.
3. Observez la forme et la couleur du serpent
Même si vous ne pouvez pas l’identifier précisément, essayez de retenir quelques éléments visuels : taille, forme de la tête, couleurs, motifs sur le corps. Une vipère a en général une tête triangulaire, un corps trapu, une queue courte et des yeux à pupilles verticales.
Les couleuvres, souvent confondues, ont des pupilles rondes et un corps plus long et fin.
Ces informations peuvent être très utiles pour les équipes médicales afin d’orienter le diagnostic. Pas besoin de photo : votre mémoire suffit, tant que vous ne vous mettez pas en danger pour observer le serpent.
4. Retirez bagues, bracelets et vêtements serrés
Après une morsure, la zone touchée gonfle rapidement. Si vous portez une bague, un bracelet, une montre, des lacets serrés ou des vêtements ajustés à proximité, ils peuvent entraver la circulation et aggraver l’œdème.
Il est donc crucial de retirer immédiatement tout ce qui pourrait comprimer la zone. Cela permet de préserver les tissus et d’éviter des lésions supplémentaires dues à une compression excessive.
Attention : ne touchez pas directement la plaie et ne bougez pas trop le membre en le dégageant.
5. Ne posez jamais de garrot
C’est l’une des erreurs les plus fréquentes et les plus graves. Poser un garrot peut sembler logique pour « empêcher le venin de circuler », mais en réalité, cela bloque la circulation sanguine totalement.
Cela provoque une nécrose rapide du membre et un risque d’amputation. De plus, au moment du retrait du garrot, le venin se déverse brutalement dans le sang, ce qui peut causer un choc violent.
La consigne officielle est de ne jamais poser de garrot. Gardez le membre immobile, légèrement en contrebas du cœur, et évitez toute contraction musculaire inutile.
6. Ne tentez pas d’aspirer le venin
Inspirée des films hollywoodiens, cette idée reçue est totalement fausse et même dangereuse. Aspirer le venin à la bouche ou avec un dispositif ne sert à rien et peut provoquer une infection ou exposer l’aidant au venin par la muqueuse buccale.
Les recommandations médicales modernes interdisent formellement cette méthode. De même, n’incisez pas la plaie, n’appliquez pas de chaleur ou de froid, et n’utilisez pas d’huile essentielle ou autre remède maison. Tous ces gestes peuvent aggraver la situation.
7. Désinfectez doucement la zone si possible
Si vous avez à disposition de l’eau claire et un antiseptique doux (type chlorhexidine), vous pouvez tamponner doucement autour de la plaie pour nettoyer l’excès de saleté.
Ne frottez jamais, ne versez pas d’alcool ou d’eau oxygénée, ce sont des produits trop agressifs qui risquent d’irriter davantage les tissus déjà endommagés.
Si vous n’avez rien sous la main, n’insistez pas : le mieux est souvent de ne rien faire en attendant les secours. Une mauvaise désinfection est parfois pire que pas de désinfection du tout.
8. Allongez-vous et immobilisez le membre atteint
Le meilleur moyen de ralentir la propagation du venin, c’est de se reposer complètement. Allongez-vous à l’ombre, dans une position confortable, et immobilisez le membre touché.
Vous pouvez utiliser un pansement large, une écharpe de fortune ou un vêtement roulé pour maintenir le bras ou la jambe sans compression.
Le but est d’éviter tout mouvement qui pourrait faire circuler plus rapidement le venin dans l’organisme. Ne tentez pas de marcher sur une jambe mordue ou de soulever un bras blessé. Faites-vous aider si nécessaire, mais restez immobile autant que possible.
9. Appelez les secours immédiatement
C’est la seule réponse efficace à une morsure de serpent : contacter les secours professionnels.
Composez le 15 (SAMU) ou le 112, et restez calme au téléphone. Indiquez votre position précise, l’heure de la morsure, l’état de la victime (consciente, douleur, gonflement…) et toute description du serpent retenue.
Ne tentez pas de vous rendre seul à l’hôpital à pied ou en voiture. Un transport non médicalisé peut aggraver l’état du blessé. Il est toujours préférable d’attendre les secours sur place, qui sont formés pour intervenir dans ce type d’urgence.
10. Restez surveillé après la prise en charge
Même si la victime est traitée rapidement, certaines complications secondaires peuvent apparaître dans les heures ou jours qui suivent.
Il peut s’agir de vomissements, de baisse de tension, de troubles neurologiques, de nécroses locales, voire de choc anaphylactique dans de rares cas.
Certaines morsures sont dites “sèches”, c’est-à-dire sans injection de venin. Cela concerne environ 30 % des morsures de vipères. Mais même dans ces cas, une surveillance médicale reste indispensable pour écarter tout risque d’aggravation ou de réaction retardée.
Mieux vaut rester quelques heures en observation, quitte à repartir en parfaite santé, que de subir une complication faute de suivi.
En résumé
Face à une morsure de serpent, chaque geste compte. Les bons réflexes peuvent faire toute la différence entre une situation maîtrisée et une urgence vitale. Il faut garder son calme, immobiliser le membre, éviter les erreurs classiques comme le garrot ou l’aspiration, et contacter les secours immédiatement.
Ne vous fiez pas aux idées reçues ou aux remèdes de grand-mère : seule une prise en charge médicale rapide permet de limiter les risques et d’assurer une récupération sans séquelles.