Un python de plus de cinq mètres a été repéré en liberté dans une région rurale d’Angleterre, semant l’inquiétude dans une communauté peu habituée à la présence de reptiles géants. Sa présence insolite rappelle combien la cohabitation avec des animaux exotiques peut devenir incontrôlable lorsqu’ils sont relâchés dans la nature.
Loin d’être un cas isolé, cette découverte impose une réflexion urgente sur le commerce et l’abandon d’animaux exotiques. Car chaque serpent perdu est un maillon fragile dans une chaîne à la fois écologique et éthique.
Un monstre d’1,8 mètre de circonférence dans les champs anglais
L’affaire débute au début du mois de juin à Lincolnshire, une région verdoyante du nord-est de l’Angleterre, lorsque des promeneurs découvrent un python réticulé de 18 pieds, soit environ 5,5 mètres, glissant à travers les hautes herbes. Dans une zone où les serpents les plus longs ne dépassent guère un mètre — comme les couleuvres ou les vipères locales —, cette découverte surprend autant qu’elle inquiète.
Les autorités estiment que l’animal, ainsi que plusieurs autres pythons découverts dans les jours suivants, auraient été relâchés par un propriétaire n’ayant plus les moyens ou la volonté de les garder. Un acte non seulement dangereux, mais illégal selon le Wildlife and Countryside Act de 1981, qui interdit la remise en liberté d’espèces exotiques non indigènes.
Parmi les serpents identifiés figuraient deux pythons albinos ainsi qu’un python morph “Pied Golden Child”, tous caractéristiques d’élevages amateurs d’animaux rares. La communauté a reçu des consignes précises sur la conduite à tenir en cas de rencontre, mais aucun confinement n’a été jugé nécessaire.
Une menace jugée faible… mais pas inexistante
À la différence des serpents sauvages, ces pythons semblent peu enclins à l’agressivité. Élevés en captivité, ils sont habitués à la présence humaine. Néanmoins, leur taille leur permet de représenter une menace pour les animaux de compagnie et les petits enfants en bas âge.
Les forces policières de Humberside ont tenu à rassurer les habitants tout en rappelant quelques règles élémentaires de sécurité. Les propriétaires de chiens ont été invités à tenir leurs animaux en laisse dans les zones à risque, et toute tentative de capture a été fortement déconseillée au public. En cas d’observation, un appel immédiat aux services de police est recommandé, en précisant l’emplacement avec l’application What3Words pour faciliter l’intervention des services spécialisés.
Des experts, dont Rob Stokes de RSG Reptiles, chargé temporairement de l’accueil des serpents retrouvés, soulignent toutefois que le risque zéro n’existe pas. Malgré leur docilité apparente, ces animaux restent imprévisibles en situation de stress ou de faim, et des incidents peuvent survenir dans certaines circonstances.
🧠 À retenir – Même s’ils proviennent d’élevages domestiques, les grands reptiles comme les pythons peuvent causer du tort à la faune locale et aux animaux domestiques. Leur présence dans la nature constitue toujours une anomalie qui nécessite la vigilance du public et une réponse rapide des autorités.
Une filière domestique sous tension : que faire des reptiles abandonnés ?
Le cas de Lincolnshire n’est pas une exception. En France, au Canada ou en Belgique, plusieurs cas similaires ont été rapportés, notamment dans des zones périurbaines. Face à l’incapacité de certains propriétaires de subvenir aux besoins nutritionnels, thermiques et vétérinaires d’un python, certains choisissent encore de les libérer dans la nature. Or, un python domestique relâché est non seulement inapte à survivre longtemps seul, mais aussi dangereux pour l’équilibre écologique local.
Des exemples abondent, notamment en Floride où les pythons birmans, autre espèce géante, sont devenus une espèce invasive suite à des fuites massives après l’ouragan Andrew en 1992. Ces serpents ont depuis éradiqué plusieurs espèces indigènes, perturbant durablement l’écosystème des Everglades.
Relâcher des reptiles exotiques, c’est donc créer une bombe biologique à retardement. Des centres spécialisés existent pour éviter ce genre de situation et accompagner les propriétaires dépassés par la croissance ou les besoins spécifiques de leur animal. Encore faut-il connaître leur existence et avoir le courage de faire appel à eux.
L’émotion suscitée… et les leçons à tirer
La découverte du python de 5,5 mètres a naturellement ravivé la fascination que suscitent ces reptiles gigantesques. Pourtant, au-delà du sensationnel, l’événement nous interroge collectivement sur notre rapport aux animaux dits “de compagnie”, dont certains ne devraient tout simplement pas l’être.
L’essor des réseaux sociaux a banalisé la possession de reptiles exotiques, avec des vidéos de serpents nourris à la pince dans de jolis terrariums. Mais quand ces serpents deviennent encombrants, ou trop coûteux à entretenir, rares sont les contenus qui montrent l’autre réalité : les abandons, les lâchers illégaux, et parfois les drames.
Pour un lecteur français, belge ou québécois, ce fait divers britannique est donc aussi un miroir. Car si l’importation de reptiles exotiques est légale sous certaines conditions, leur détention exige une conscience éclairée et un encadrement strict. Informer pour prévenir reste la meilleure arme pour éviter le retour de tels “fugitifs” reptiles dans nos campagnes.
📝 Cet article est inspiré de la publication originale : What Happens When an 18-Foot Python is on the Loose?