Saviez-vous que des milliers d’orvets sont tués chaque année simplement parce qu’on les confond avec des serpents ? Selon une enquête menée par des naturalistes français, près de 7 personnes sur 10 ne savent pas faire la différence entre ces deux reptiles.
Pourtant, quelques signes simples permettent de les distinguer d’un coup d’œil… et d’éviter des erreurs parfois irréparables. On vous explique ici comment les reconnaître sans vous tromper, même si vous n’y connaissez rien en herpétologie.
Orvet et serpent : des apparences trompeuses mais des origines bien distinctes
L’orvet, un lézard sans pattes
Oui, l’orvet n’est pas un serpent, malgré sa forme longue et dépourvue de membres. Il s’agit en réalité d’un lézard apode (sans pattes), appartenant à la famille des Anguidés. Contrairement aux idées reçues, il partage bien plus de points communs avec les lézards classiques qu’avec les serpents.
Par exemple, il possède des paupières mobiles, des oreilles internes visibles sous forme de petits orifices (tympans), et même une queue cassable en cas de danger, un mécanisme typique des lézards. Cette capacité à se séparer d’un morceau de queue (autotomie) est un excellent indice pour reconnaître un orvet.
Enfin, son squelette et sa musculature sont aussi caractéristiques : l’orvet a un crâne plus court, une mâchoire moins flexible et une colonne vertébrale plus rigide que celle d’un serpent.
Le serpent, un reptile à part entière
Le serpent, lui, appartient à l’ordre des Squamates, comme les lézards, mais il a suivi une évolution totalement distincte. Son corps très allongé, dépourvu de membres, est le fruit d’une adaptation millénaire à la vie souterraine, aquatique ou terrestre selon les espèces.
Contrairement à l’orvet, le serpent n’a pas de paupières mobiles : ses yeux sont recouverts d’une membrane transparente fixe appelée “écaille oculaire”. De plus, il ne possède pas de tympans visibles, ce qui en fait un animal presque sourd, réagissant surtout aux vibrations du sol.
Les serpents sont également plus souples : leur mâchoire est capable de se désarticuler pour avaler de grosses proies, et leur colonne vertébrale compte parfois plus de 300 vertèbres, leur donnant une grande agilité.
Paupières, tympans, écailles : les indices visibles qui ne trompent pas
L’orvet peut cligner des yeux
C’est sans doute le critère le plus facile à vérifier sur le terrain : l’orvet cligne des yeux. Cela paraît banal, mais c’est en réalité un signe capital. En effet, les serpents ne possèdent pas de paupières mobiles. Leurs yeux restent toujours ouverts, protégés par une écaille transparente.
Alors si vous voyez un reptile qui ferme brièvement les yeux ou les nettoie avec sa paupière, pas de doute possible : vous êtes face à un orvet.
Ce comportement est souvent observable au repos, ou lorsqu’on s’approche doucement de l’animal. C’est un réflexe naturel qu’on ne trouve jamais chez les serpents.
Des écailles et des oreilles très révélatrices
Autre différence cruciale : l’orvet possède des tympans bien visibles, comme deux petits trous derrière la tête. Cela prouve qu’il est équipé d’un système auditif externe, ce que les serpents n’ont pas. Ces derniers perçoivent surtout les vibrations au sol grâce à leur mâchoire.
Regardez aussi les écailles ventrales : chez l’orvet, elles sont petites, régulières et similaires à celles du dos. En revanche, chez le serpent, le ventre est recouvert d’une rangée unique d’écailles larges et plates, souvent rectangulaires, qui l’aident à ramper.
Ces détails sont faciles à observer de près (ou sur une bonne photo), et permettent de lever le doute en quelques secondes.
Taille, forme du corps, comportement : ce que vous pouvez observer sur le terrain
Une taille plus modeste chez l’orvet
Un autre moyen de différencier ces deux animaux réside dans leur gabarit. L’orvet est un reptile discret qui dépasse rarement les 50 cm de long. Il présente un corps plus fin, plus cylindrique, et ses mouvements sont souvent moins fluides que ceux d’un serpent.
De plus, sa tête est faiblement marquée : elle s’intègre dans la ligne du corps sans réelle cassure, ce qui peut donner un aspect “bâton” ou “verre” (d’où son surnom de “serpent de verre”).
Le serpent, souvent plus rapide et plus long
En comparaison, de nombreuses espèces de serpents qu’on croise en France — comme la couleuvre verte et jaune ou la vipère aspic — peuvent mesurer entre 80 cm et 1,50 m, voire davantage pour certaines espèces méditerranéennes.
Leurs mouvements sont souvent plus rapides et plus ondulatoires, surtout quand ils se sentent menacés. Leur tête est plus large, souvent triangulaire chez les vipères, et bien distincte du cou.
Un serpent en fuite va onduler rapidement en ligne droite ou en zigzag. L’orvet, lui, rampe plus lentement, parfois en se contorsionnant maladroitement.
Comportement et habitat : d’autres indices pour ne pas se tromper entre serpent et orvet
L’orvet, discret et pacifique
L’orvet vit souvent dans les zones humides, sous les pierres, dans les composts ou les lisières de forêts. Il est particulièrement friand de jardins, où il trouve des limaces, des vers et des insectes dont il se nourrit volontiers.
Il est très peu mobile en journée, préférant rester caché. Il sort principalement au crépuscule ou après la pluie, lorsqu’il fait plus frais.
Son comportement est extrêmement pacifique : l’orvet ne mord pas, ne siffle pas, ne se redresse pas. Son seul réflexe défensif est la fuite… ou l’abandon de sa queue pour distraire un prédateur.
Le serpent, parfois plus impressionnant
Les serpents, eux, occupent une plus grande diversité d’habitats : prairies, rivières, bois, dunes… Certains comme la couleuvre vipérine vivent même dans l’eau !
En cas de menace, certaines espèces sifflent, aplatissent leur tête ou simulent une attaque, surtout si elles sont acculées. D’autres, comme la couleuvre à collier, peuvent feindre la mort en se retournant et en sortant la langue.
Même si la plupart des serpents sont eux aussi inoffensifs, leur comportement défensif est souvent plus impressionnant que celui d’un orvet.
Venin, dangerosité, protection : pourquoi bien les distinguer est crucial
L’orvet est totalement inoffensif
C’est un point capital : l’orvet ne possède pas de venin, il ne mord pas, et il n’a aucun mécanisme de défense dangereux pour l’homme.
Au contraire, c’est un allié du jardinier, puisqu’il se nourrit de ravageurs comme les limaces, les escargots et les insectes larvaires. Son rôle écologique est donc très utile.
Il est aussi protégé par la loi en France, notamment par l’arrêté du 19 novembre 2007. Il est strictement interdit de le capturer, le blesser ou le tuer, sous peine d’amende.
Source officielle : service-public.fr – protection des espèces
Tous les serpents ne sont pas dangereux
Contrairement aux idées reçues, la majorité des serpents en France sont inoffensifs. Les couleuvres, par exemple, n’ont pas de venin ou ne sont pas capables de mordre profondément l’humain.
Seules les vipères (aspic, péliade) sont potentiellement dangereuses. Leur morsure est rarement mortelle, mais peut nécessiter des soins rapides, notamment chez les enfants ou les personnes âgées.
Cela dit, aucun serpent ne cherche à attaquer l’homme spontanément : tous préfèrent la fuite, sauf en cas de manipulation directe ou de menace extrême.
C’est pourquoi il est fondamental de ne pas tuer un reptile par peur ou méconnaissance. Apprendre à les distinguer, c’est aussi les respecter et les préserver.
Conclusion
L’orvet n’est pas un serpent, mais un lézard sans pattes parfaitement inoffensif. Il peut cligner des yeux, possède des tympans visibles et une taille plus modeste. En comparant les paupières, les écailles ventrales, la forme de la tête et le comportement, on peut rapidement savoir à qui on a affaire.
Retenez ces quelques indices simples : ils vous permettront de reconnaître sans erreur ces deux reptiles souvent confondus… et de protéger l’un des auxiliaires les plus utiles de nos jardins.