Dans les eaux troubles de l’Amazonie, un serpent géant rôde entre les racines. Il peut mesurer plus de 8 mètres, peser 200 kg, et avaler un caïman entier. Cet impressionnant reptile, c’est l’anaconda vert, le serpent le plus massif du monde.
Pourtant, malgré sa taille hors norme, il reste méconnu. Voici tout ce que vous devez vraiment savoir sur ce géant discret de la jungle sud-américaine.
À quoi ressemble vraiment l’anaconda vert ?
Une masse impressionnante : taille, poids, morphologie
L’anaconda vert (Eunectes murinus), aussi appelé anaconda géant, est tout simplement le serpent le plus lourd connu à ce jour. Les plus grands spécimens femelles peuvent atteindre 8 à 8,5 mètres de long, peser jusqu’à 250 kg, et présenter un diamètre de près d’un mètre au niveau de l’abdomen.
À noter : les mâles sont bien plus petits, ce qui constitue un dimorphisme sexuel très marqué chez cette espèce. Leur taille moyenne oscille entre 3 et 4 mètres.
Son corps est trapu, épais, cylindrique, couvert d’écailles vert olive ponctuées de taches sombres ovales irrégulières, une robe idéale pour se fondre dans les eaux boueuses.
Mâles vs femelles : qui sont les plus grands ?
Chez l’anaconda vert, les femelles dominent largement par la taille. Elles peuvent faire deux fois la longueur et cinq fois le poids des mâles. Cette différence n’est pas anodine : les femelles ont besoin d’une grande masse corporelle pour porter une portée importante, parfois jusqu’à 80 petits.
Les mâles, plus petits et agiles, passent souvent inaperçus. Ils jouent leur rôle pendant la reproduction mais restent vulnérables à certains prédateurs, y compris… les femelles elles-mêmes, dans de rares cas de cannibalisme.
Une couleur trompeuse pour mieux se camoufler
Malgré son surnom de “vert”, l’anaconda n’est pas vert vif. Il affiche plutôt une teinte olive foncée, parsemée de taches sombres latérales et dorsales qui brisent ses contours dans l’eau.
Cette coloration cryptique lui permet de se dissimuler parfaitement dans les zones humides d’Amérique du Sud. Son camouflage est un atout clé pour approcher ses proies sans être détecté, même à quelques centimètres seulement.
🧠 À retenir
L’anaconda vert est un colosse furtif : énorme, lourd, mais parfaitement camouflé dans son habitat naturel.
Où vit l’anaconda vert et comment se déplace-t-il ?
Les habitats préférés : marécages, rivières et forêts d’Amazonie
L’anaconda vert est strictement sud-américain. On le trouve principalement en Amazonie : Brésil, Venezuela, Colombie, Pérou, Guyane… Il fréquente les zones humides, marécages, bras morts de rivières, lacs peu profonds, et parfois les inondations saisonnières.
C’est un serpent semi-aquatique qui passe plus de temps dans l’eau que sur la terre ferme. Il y trouve à la fois ses proies, sa sécurité et une température stable.
Un mode de vie semi-aquatique parfaitement adapté
Ce reptile est taillé pour la vie aquatique : narines et yeux positionnés sur le haut du crâne, permettant à l’animal de rester immergé tout en observant ou respirant. Il peut rester plus de 10 minutes en apnée en attendant qu’une proie passe à sa portée.
Ses écailles sont lisses, réduisant les frottements dans l’eau, et ses muscles puissants lui permettent de nager lentement mais avec une grande précision, souvent sans faire de vagues.
Pourquoi ce serpent nage mieux qu’il ne rampe
Dans l’eau, l’anaconda est agile, discret et redoutable. Sur terre, en revanche, sa masse corporelle devient un handicap. Il avance lentement, péniblement, et devient vulnérable à certains prédateurs ou à la chaleur.
C’est pourquoi il privilégie les embuscades dans les zones aquatiques, où il peut profiter de la flottabilité pour attaquer sans bruit, puis se retirer dans la vase ou sous les racines après le repas.
🧠 À retenir
L’anaconda vert est chez lui dans l’eau : c’est un prédateur amphibie qui utilise les rivières comme terrain de chasse.
Comment chasse et se nourrit un anaconda vert ?
La technique de constriction : un étau implacable
L’anaconda vert n’est pas venimeux. Il tue par constriction : il s’enroule autour de sa proie et resserre ses anneaux avec une force phénoménale, jusqu’à bloquer la circulation sanguine. Cela provoque une perte de conscience rapide, suivie d’une mort par arrêt cardiaque.
Des études ont montré que la pression exercée par un grand anaconda peut atteindre 2 kg par cm², ce qui suffit à fracturer des os ou à écraser des organes internes.
Des proies surprenantes : du capybara au jaguar
L’anaconda vert est opportuniste. Il se nourrit de poissons, oiseaux aquatiques, tortues, mais aussi de mammifères bien plus gros :
- Capybaras
- Cerfs
- Caïmans
- Et même jeunes jaguars, selon certains témoignages rares mais bien documentés
Après avoir tué sa proie, il l’avale entièrement, en commençant par la tête. Sa mâchoire mobile et son estomac élastique lui permettent d’ingérer une proie plus large que son diamètre apparent.
Digestion, jeûne, et régulation de l’effort
Une fois le repas englouti, l’anaconda se retire pour digérer pendant plusieurs jours, voire semaines. La digestion demande énormément d’énergie et rend le serpent vulnérable. Pendant cette phase, il est souvent inactif, tapi dans l’eau ou sous une souche.
Fait étonnant : un anaconda adulte peut survivre plusieurs mois sans se nourrir, tant son métabolisme est lent et son dernier repas nutritif.
🧠 À retenir
L’anaconda vert chasse par surprise, tue par constriction, et peut avaler des proies aussi grosses que lui.
Une nouvelle espèce d’anaconda vert découverte récemment
Le “Eunectes akayima” : ce que dit la science
Pendant des décennies, on pensait qu’il n’existait qu’une seule espèce d’anaconda vert : Eunectes murinus, largement répartie en Amazonie. Mais en 2024, une équipe de chercheurs internationaux a révélé l’existence d’une seconde espèce génétiquement distincte, baptisée Eunectes akayima, ou “anaconda vert du Nord”.
Cette découverte est le fruit de près de 20 ans de recherche, incluant des analyses ADN prélevées sur des spécimens dans 9 pays d’Amérique du Sud. Elle a été publiée dans la revue scientifique Diversity, et relayée par les plus grands médias spécialisés.
Fait notable : les deux espèces sont presque identiques en apparence, mais différentes génétiquement. Une forme de “jumelage biologique” qui avait échappé aux scientifiques… jusqu’à maintenant.
5,5 % de divergence génétique : ce que cela implique
La différence génétique entre E. murinus (anaconda vert du Sud) et E. akayima (anaconda vert du Nord) est de 5,5 %, soit plus que celle entre l’humain et le chimpanzé (environ 2 %).
Cela signifie que ces deux populations ne se reproduisent pas entre elles, ou très rarement. Elles ont évolué séparément pendant près de 10 millions d’années, sans barrières géographiques évidentes pour les séparer.
Cette découverte relance de nombreuses questions sur la biodiversité amazonienne encore mal comprise, y compris chez des espèces aussi emblématiques que les anacondas.
Ce que change cette découverte pour la conservation
Jusqu’à présent, toutes les actions de conservation, données de recensement, et études sur les anacondas verts étaient regroupées sous une seule espèce. Ce n’est plus tenable.
Les chercheurs appellent désormais à une refonte des politiques de protection pour prendre en compte chaque espèce individuellement, car elles n’occupent pas les mêmes zones géographiques ni les mêmes niches écologiques.
Cela est d’autant plus urgent que l’habitat des anacondas est menacé par :
- La déforestation massive
- Le réchauffement climatique (séchage des zones humides)
- Et la pollution des eaux qui affecte toute la chaîne alimentaire
🧠 À retenir
Il existe en réalité deux espèces d’anaconda vert, séparées génétiquement depuis 10 millions d’années. Une découverte capitale pour la conservation.
L’anaconda vert est-il dangereux pour l’humain ?
Rumeurs de serpents mangeurs d’hommes : mythe ou réalité ?
Depuis des siècles, l’anaconda vert alimente peurs et fantasmes. Des récits de serpents géants avalant des hommes ont circulé, en particulier chez les colons européens et les explorateurs du XIXe siècle.
Mais en réalité, aucun cas documenté scientifiquement de prédation humaine par un anaconda vert n’a été confirmé. Il s’agit souvent de légendes locales, de témoignages oraux sans preuve formelle, ou de confusions avec d’autres animaux morts.
Cela dit, l’animal est capable physiquement de tuer un humain adulte s’il se sent menacé. Ce n’est pas son comportement habituel, mais cela reste théoriquement possible.
Ce que disent les scientifiques et les témoignages
Les herpétologues s’accordent sur un point : l’anaconda vert n’est pas agressif par nature. Il préfère fuir ou se dissimuler. Les attaques recensées sont extrêmement rares, souvent en lien avec des manipulations humaines (capture, braconnage, etc.).
En captivité, certains spécimens se sont montrés dociles et habitués à la présence humaine. Mais cela ne doit pas faire oublier sa puissance et son imprévisibilité. Une mauvaise manipulation ou une erreur d’appréciation peut être dramatique.
Des témoignages de pêcheurs sud-américains évoquent aussi des rencontres avec des anacondas de plus de 6 mètres, notamment lors de traversées de rivières, mais ces récits restent anecdotiques.
Un animal discret, mais potentiellement imprévisible
L’anaconda vert vit dans des zones peu accessibles, souvent inondées, et évite l’homme. Mais avec la progression de la déforestation, il entre de plus en plus en contact avec les populations locales.
S’il est acculé ou capturé, il peut se défendre violemment, mordre ou constricter en réflexe défensif. Sa morsure n’est pas venimeuse, mais peut provoquer des infections graves dans ces zones tropicales.
Les spécialistes recommandent donc une prudence absolue, mais insistent : l’anaconda vert n’est pas un mangeur d’hommes, c’est un prédateur sauvage à respecter, pas à craindre aveuglément.
🧠 À retenir
L’anaconda vert n’est pas dangereux pour l’humain dans des conditions normales. Les récits d’attaques sont rares, exagérés ou infondés.
Pourquoi l’anaconda vert fascine autant ?
Sa place dans la culture populaire et les croyances
L’anaconda vert occupe une place de choix dans les mythes et croyances amazoniennes. Pour certains peuples autochtones, il est un esprit des eaux, gardien des forêts, voire un ancêtre primitif.
Dans la culture populaire occidentale, il est devenu une figure monstrueuse, notamment à travers le cinéma. Le film “Anaconda” (1997), avec Jennifer Lopez, en est l’exemple le plus célèbre, mais aussi le plus caricatural.
On y voit un serpent surdimensionné, mangeur d’hommes, doté de capacités surnaturelles… bien loin de la réalité biologique.
Documentaires, films et images spectaculaires
De nombreux documentaires ont mis en lumière l’anaconda en action, notamment dans les séries de National Geographic ou de BBC Earth. Ces images impressionnantes montrent :
- Des chasses à l’affût dans l’eau
- Des combats avec des caïmans
- Ou des accouplements spectaculaires où plusieurs mâles entourent une même femelle
Les images virales de spécimens géants extraits de marais en Amazonie attirent aussi des millions de vues, même si certaines sont exagérées ou retouchées.
Un symbole puissant de la biodiversité amazonienne
L’anaconda vert incarne une forme de force tranquille, d’animal mystérieux et archaïque, à la fois redouté et admiré. Il symbolise :
- La richesse du vivant en Amazonie
- L’adaptation parfaite à un écosystème humide
- Et la fragilité des espèces méconnues, même parmi les plus imposantes
C’est aussi un ambassadeur idéal pour la sensibilisation écologique, notamment chez les jeunes publics fascinés par les reptiles.
🧠 À retenir
L’anaconda vert est un monstre fascinant, à la croisée des mythes, de la culture pop et des enjeux écologiques modernes.
Conclusion
L’anaconda vert est bien plus qu’un simple serpent géant. C’est un animal massif, discret, amphibie et redoutablement efficace, qui règne sur les zones humides d’Amérique du Sud. Aujourd’hui, grâce aux recherches récentes, on sait qu’il en existe deux espèces distinctes, ce qui renforce l’urgence de le protéger.
Loin des clichés hollywoodiens, ce colosse silencieux incarne toute la complexité — et la beauté — de la biodiversité amazonienne.
✍️ Cet article a été rédigé par Camille R. ( Soigneuse animalière & passionnée de reptiles)

Camille soigne des reptiles au quotidien. Elle connaît par cœur les caprices d’un gecko, les habitudes d’une couleuvre, et les questions qu’on lui pose toujours (“Mais… ça mord ?”).