Accueillir un serpent chez soi peut sembler audacieux… et ça l’est ! De plus en plus de Français franchissent le pas, attirés par le calme fascinant de ces reptiles, leur faible entretien ou tout simplement leur allure unique.
Mais adopter un serpent, ce n’est pas comme adopter un chien ou un chat. Il existe des règles bien spécifiques, des choix cruciaux à faire, et de nombreuses idées reçues à déconstruire.
Avant de vous lancer, mieux vaut tout savoir pour éviter les mauvaises surprises — et offrir à votre futur compagnon un cadre adapté à ses besoins.
L’adoption de serpents est-elle légale et encadrée ?
Les espèces autorisées ou réglementées en France
Avant toute chose : non, vous ne pouvez pas adopter n’importe quel serpent en France. La réglementation est stricte, notamment pour les espèces venimeuses ou exotiques.
Heureusement, certaines espèces populaires comme la couleuvre des blés, le python royal ou le boa constricteur sont autorisées, à condition de respecter certaines conditions.
Les serpents dits “non dangereux” peuvent être détenus sans certificat spécifique, mais cela ne veut pas dire sans responsabilité. Certaines espèces plus rares ou potentiellement dangereuses (même sans être venimeuses) nécessitent une autorisation préfectorale et parfois un certificat de capacité.
Retenez ceci : avant toute adoption, vérifiez la liste des espèces autorisées en France. Elle évolue régulièrement. Ne vous fiez jamais uniquement au vendeur.
Certificats, démarches et obligations légales
Si vous craquez pour une espèce soumise à réglementation, il faudra obtenir un certificat de capacité (CDC) et une autorisation d’ouverture d’établissement (AOE).
Ces démarches sont longues et encadrées : elles exigent de justifier de connaissances solides en herpétologie, d’un lieu adapté et d’un projet sérieux.
Même sans ces autorisations, toute adoption responsable implique de :
- déclarer certains reptiles auprès de la préfecture,
- conserver les factures ou certificats de cession,
- respecter les normes de bien-être animal (taille du terrarium, température, alimentation, etc.).
Ignorer ces règles peut entraîner une amende, voire la saisie de l’animal. Et ce, même si vous avez simplement acheté votre serpent sur un site bien noté ou chez un particulier.
Quel serpent choisir quand on débute ?
Les 3 espèces les plus faciles pour un débutant
Tous les serpents ne se valent pas en termes de comportement, taille adulte, ou besoins. Si vous débutez, mieux vaut opter pour une espèce réputée docile, résistante et facile à nourrir. Voici trois valeurs sûres :
- La couleuvre des blés (Pantherophis guttatus) : très populaire, docile, idéale pour une première expérience. Elle mesure environ 1m à l’âge adulte.
- Le python royal (Python regius) : calme, souvent timide, il peut parfois refuser de se nourrir en hiver mais reste un excellent choix.
- Le boa constricteur imperator : plus grand (jusqu’à 2m), mais très manipulable et robuste, à condition d’avoir l’espace nécessaire.
Ces espèces sont disponibles auprès d’éleveurs sérieux, souvent en différentes couleurs (mutations), mais attention à ne pas céder uniquement à l’esthétique. La santé passe d’abord.
Critères de choix selon votre mode de vie
Avant d’adopter, posez-vous les bonnes questions :
- Avez-vous assez d’espace ? Certaines espèces nécessitent des terrariums de 1,20 m ou plus.
- Pouvez-vous gérer l’alimentation (rongeurs morts ou vivants) ?
- Êtes-vous à l’aise avec les manipulations ? Certains serpents n’aiment pas le contact.
- Voyagez-vous souvent ? Les serpents demandent peu d’attention au quotidien, mais leur environnement doit rester stable et surveillé (chaleur, hygrométrie…).
Choisir un serpent adapté, c’est garantir votre bien-être autant que le sien. Un mauvais choix peut vite transformer une passion en contrainte.
Le matériel indispensable pour accueillir un serpent
Le terrarium et ses paramètres clés
Le terrarium est le cœur de la vie de votre serpent. Il doit recréer, dans la mesure du possible, son habitat naturel. On distingue deux grandes familles :
- Terrariums tropicaux (humides) : pour les espèces comme le boa ou certains pythons.
- Terrariums désertiques (secs) : pour des espèces comme le pantherophis ou l’élaphe.
Trois paramètres sont essentiels :
- Température : souvent entre 26 °C (zone froide) et 32 °C (zone chaude).
- Hygrométrie : à adapter selon l’espèce (de 40 % à 80 %).
- Cycle jour/nuit : avec lumière adaptée (LED, UVB selon les cas).
Un terrarium mal réglé est la première cause de stress, de maladie et de refus d’alimentation.
Accessoires, cachettes, substrats : les erreurs fréquentes
Le bien-être de votre serpent passe par un environnement riche, mais sécurisé. Quelques indispensables :
- Cachettes : une côté chaud, une côté froid.
- Gamelle d’eau : large et stable.
- Branches ou plateformes : pour les espèces arboricoles.
- Substrat : évitez les copeaux de bois aromatiques ou les graviers.
Beaucoup de débutants font l’erreur de trop décorer ou d’utiliser des éléments non adaptés (pierres coupantes, éléments mal fixés). Gardez à l’esprit qu’un serpent a besoin de sécurité, pas de décoration Pinterest.
Que mange un serpent domestique ?
Fréquence, type de proies et sécurité alimentaire
Les serpents sont des carnivores stricts. Ils se nourrissent de proies entières, généralement des rongeurs congelés et décongelés (souris, rats, parfois poussins).
- Fréquence : 1 fois tous les 5 à 10 jours pour les juvéniles, toutes les 2 à 4 semaines pour les adultes.
- Quantité : une proie de la taille du corps du serpent, pas plus.
- Qualité : toujours des proies d’élevage, jamais capturées à l’extérieur (risques sanitaires élevés).
Évitez les aliments vivants : en plus d’être stressants (et parfois illégaux), ils peuvent blesser gravement votre serpent.
Ce qu’il ne faut jamais faire pendant les repas
Voici ce qu’il faut impérativement éviter :
- Nourrir dans le terrarium (risque d’association entre votre main et la nourriture).
- Laisser une proie trop longtemps (risque de pourrissement ou d’attaque si elle est vivante).
- Nourrir un serpent en mue : il est souvent irritable et ne digère pas bien dans cette phase.
Si votre serpent refuse de manger, pas de panique immédiate. Cela peut arriver, surtout en hiver. Mais si cela dure plus de 4 à 6 semaines, consultez un vétérinaire spécialisé NAC.
Peut-on vraiment apprivoiser un serpent ?
Le comportement réel des serpents domestiques
Contrairement à ce que certains espèrent, un serpent ne s’attache pas à son humain. Il ne vous reconnaît pas comme un chien ou un chat le ferait. Mais cela ne veut pas dire qu’il est insensible.
Avec le temps, un serpent peut tolérer les manipulations et s’habituer à votre odeur, vos gestes, votre voix. Certaines espèces sont plus calmes que d’autres, mais aucune ne cherche activement le contact.
Un serpent qui ne mord pas, qui se laisse porter calmement et qui explore sans stress montre déjà une bonne adaptation.
Manipulation et relation avec l’animal
Manipuler un serpent doit toujours être fait avec calme, assurance et respect :
- Évitez les gestes brusques ou l’approche par le dessus (réflexe de prédation).
- Manipulez en dehors des phases sensibles : après un repas, en mue ou lors d’un stress.
- Lavez-vous les mains avant et après, surtout si vous avez manipulé d’autres animaux.
Les serpents sont des animaux d’observation. La relation que vous construisez repose sur votre capacité à respecter leur rythme. Et c’est justement ce qui en fait un animal si fascinant à observer.
Conclusion
Adopter un serpent, ce n’est pas juste une lubie originale. C’est un engagement sur 15 à 20 ans pour certaines espèces, avec des besoins précis, des règles strictes et une vraie exigence de rigueur.
Bien choisi, bien logé et bien compris, un serpent peut devenir un compagnon silencieux mais incroyablement captivant.