Maladie fongique des serpents : 5 signes d’alerte pour détecter ce fléau invisible

Depuis quelques années, une maladie émergente inquiète les herpétologues et les passionnés de reptiles : la maladie fongique des serpents, causée par un champignon microscopique mais redoutable nommé Ophidiomyces ophiodiicola.

Ce pathogène, d’abord observé en Amérique du Nord, s’étend désormais à d’autres régions, menaçant la biodiversité sauvage mais aussi les spécimens en captivité. Reconnaître les signes précoces de cette infection peut sauver la vie d’un serpent et éviter une contamination plus large.

1. Lésions cutanées visibles : le premier signe à ne jamais ignorer

La peau des serpents, bien que résistante, est le principal point d’attaque du champignon responsable de cette infection.

Plaies, croûtes et cloques : des marques anormales sur la peau

Les premiers signes de la maladie se manifestent souvent sous forme de lésions cutanées localisées : croûtes épaisses, cloques remplies de liquide, ou ulcérations visibles à l’œil nu.

Ces marques sont généralement asymétriques et peuvent évoluer rapidement si rien n’est fait. Elles apparaissent souvent sur la tête, le cou ou les flancs, là où le serpent est en contact prolongé avec son environnement.

Desquamation inhabituelle : quand la mue devient inquiétante

La mue est un processus normal chez les serpents, mais une desquamation incomplète ou anormale doit alerter. Lorsque la peau reste collée par plaques, se déchire mal ou présente une texture rugueuse inhabituelle, cela peut traduire une infection sous-jacente.

Une mue irrégulière, accompagnée de zones sombres ou de décolorations, est un signe précoce d’alerte.

2. Changements de comportement anormaux

Outre les signes physiques, les comportements du serpent sont de précieux indicateurs de son état de santé.

Léthargie ou repli : un serpent qui ne réagit plus comme avant

Un serpent malade peut devenir anormalement passif, passer de longues périodes sans bouger, refuser les interactions habituelles ou même chercher à se cacher en permanence.

Ce comportement de repli est une stratégie de défense, souvent déclenchée par une douleur ou une gêne importante liée à la progression de l’infection fongique.

Réduction des mouvements et perte d’appétit : une alerte physiologique

Un des signes comportementaux les plus alarmants est la perte d’appétit prolongée. Lorsque le serpent refuse plusieurs repas consécutifs sans autre cause apparente (stress, mue, reproduction), cela peut indiquer une altération métabolique due à l’infection.

Cette perte d’énergie s’accompagne souvent d’un ralentissement général des mouvements et d’une diminution notable de l’activité nocturne ou diurne selon l’espèce.

3. Gonflements et déformations du visage ou du corps

Au fur et à mesure que la maladie progresse, elle peut provoquer des inflammations importantes visibles à l’œil nu, notamment sur la tête ou autour des yeux.

Œdèmes visibles : une infection fongique avancée

Chez les serpents touchés par la maladie fongique, des gonflements localisés apparaissent souvent sur la tête, autour de la mâchoire ou près des narines. Ces œdèmes sont dus à une réaction inflammatoire intense déclenchée par le champignon.

Ils peuvent rendre la respiration difficile et entraîner une diminution des interactions sociales chez les espèces vivant en groupe.

Un serpent présentant un gonflement soudain ou une asymétrie du visage doit être observé avec vigilance. Cela peut être le signe que le champignon a pénétré les couches profondes de la peau, voire les tissus sous-cutanés.

Déformations faciales : signe typique de l’atteinte par le champignon

Dans les cas les plus graves, la structure même du visage du serpent peut se modifier. Les narines se ferment partiellement, les paupières semblent tuméfiées, et l’ensemble du museau peut apparaître déformé.

Ce symptôme est très fréquent chez les espèces sauvages infectées en Amérique du Nord, et il constitue une signature visuelle caractéristique de l’Ophidiomycose.

À ce stade, l’animal souffre souvent de douleurs importantes et peut cesser toute activité normale.

4. Habitat et humidité mal gérés : un terrain favorable au développement fongique

La maladie fongique des serpents n’apparaît pas par hasard. Elle se déclare et se propage plus facilement dans des conditions environnementales particulières.

Humidité excessive ou substrat sale : le risque silencieux

Un terrarium trop humide, mal ventilé ou mal entretenu, crée un environnement idéal pour la prolifération de champignons comme Ophidiomyces ophiodiicola. En captivité, les serpents vivant sur un substrat souillé ou trop humide sont particulièrement exposés, surtout si l’hygiène générale est négligée.

Le champignon responsable peut rester latent dans le substrat, sur les parois ou les décorations, puis se réactiver en présence d’un hôte affaibli ou blessé.

Captivité et conditions inadéquates : un facteur aggravant majeur

Dans un habitat clos, un serpent malade risque de réinfecter constamment son environnement, créant un cercle vicieux difficile à briser sans intervention. La qualité de l’éclairage, de la température et du taux d’humidité doit être surveillée en permanence, surtout chez les espèces sensibles.

La surpopulation, le stress chronique ou une alimentation inadaptée affaiblissent les défenses immunitaires du serpent et ouvrent la voie aux infections opportunistes comme celle-ci.

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5. Cas signalés et propagation en milieu sauvage

Longtemps cantonnée à certains élevages ou régions d’Amérique du Nord, la maladie fongique des serpents gagne aujourd’hui du terrain, y compris en Europe.

Une maladie émergente en Europe et en Amérique du Nord

D’après plusieurs études, le champignon Ophidiomyces ophiodiicola a été formellement identifié dans des populations sauvages de serpents dans au moins 30 États américains, au Canada et, plus récemment, en Europe de l’Ouest, notamment en France et en Suisse.

Certaines zones naturelles ont observé une baisse significative des effectifs de serpents, parfois jusqu’à 70 %, en lien direct avec cette infection. Le problème devient donc écologique autant que sanitaire.

Les espèces les plus touchées à ce jour

Toutes les espèces ne sont pas affectées de la même manière. Les plus touchées sont souvent celles qui :

  • vivent dans des environnements humides ou marécageux
  • ont des habitudes sédentaires ou territoriales
  • présentent une mue fréquente

Parmi les espèces concernées, on retrouve notamment :

  • Nerodia sipedon (couleuvre d’eau commune en Amérique du Nord)
  • Pantherophis obsoletus (ratier noir)
  • Vipera aspis (vipère aspic, en France)

Les herpétologistes recommandent de ne pas manipuler les serpents sauvages malades sans précaution, car cela peut aggraver leur état et favoriser la dispersion du champignon vers d’autres zones.

Conclusion

La maladie fongique des serpents est un fléau discret mais redoutable, dont les 7 signes d’alerte les plus fréquents incluent les lésions cutanées, les changements de comportement, les gonflements faciaux, les conditions de captivité inadaptées et la présence croissante dans la nature.

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