Saviez-vous que les serpents, souvent craints et mal-aimés, ont pourtant de redoutables adversaires dans la nature ?
Des mammifères rusés aux oiseaux spécialisés, en passant par leurs propres congénères et même des invertébrés insoupçonnés, les menaces qui pèsent sur ces reptiles fascinants sont nombreuses et variées.
Decouvrons ensemble qui sont les ennemis des serpents.
LES MAMMIFÈRES, ADVERSAIRES REDOUTABLES DES SERPENTS
Les serpents, prédateurs redoutés des écosystèmes, trouvent en certains mammifères des ennemis de taille.
Dotés de caractéristiques physiques et comportementales uniques, ces chasseurs agiles et déterminés parviennent à déjouer les défenses des reptiles, même les plus venimeux.
Parmi ces adversaires féroces, trois espèces se distinguent par leur efficacité : la mangouste, le hérisson et le suricate.
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La mangouste, une chasseuse agile et immunisée contre le venin
Véritable athlète du règne animal, la mangouste possède un corps svelte et musclé qui lui confère une rapidité fulgurante.
Cette agilité exceptionnelle constitue un atout majeur face aux serpents, lui permettant d’esquiver les attaques éclair de ces reptiles. Mais la mangouste ne doit pas seulement sa survie à sa vitesse.
Au fil de l’évolution, elle a développé une résistance naturelle au venin, fruit d’une longue coévolution avec ses proies.
Grâce à des mutations génétiques spécifiques, son organisme est capable de neutraliser les toxines mortelles, la rendant quasiment invulnérable lors de ses confrontations avec les serpents les plus dangereux.
Le hérisson, un petit guerrier en armure d’épines
Sous ses airs de peluche, le hérisson cache un redoutable chasseur de serpents. Sa principale arme défensive, une cuirasse de piquants acérés, lui sert également de bouclier efficace contre les morsures venimeuses.
Lorsqu’il détecte un serpent, le hérisson adopte une technique de chasse audacieuse : il se roule en boule, exposant ses épines, puis se jette sur sa proie, la transperçant de ses piquants.
Grâce à sa mâchoire puissante, il parvient ensuite à broyer les vertèbres du reptile, le neutralisant définitivement.
Le suricate, sentinelle vigilante des colonies face au danger
Vivant en colonies hiérarchisées, les suricates ont développé un système d’alarme sophistiqué pour se prémunir des dangers, notamment des attaques de serpents.
Des sentinelles vigilantes, perchées sur des promontoires, scrutent constamment les environs. En cas de menace, elles poussent des cris stridents pour alerter leurs congénères, qui se mettent alors rapidement à l’abri.
Mais les suricates ne se contentent pas de fuir. Ils utilisent également des techniques de diversion astucieuses, comme le fait de sautiller autour du serpent, pour détourner son attention et l’éloigner de la colonie.
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LES OISEAUX SERPENTAIRES, DES PRÉDATEURS AILÉS DES REPTILES
Au-delà des mammifères, certains oiseaux se sont également spécialisés dans la chasse aux serpents. Dotés d’adaptations morphologiques et comportementales remarquables, ils sont de véritables cauchemars pour les reptiles.
Deux espèces emblématiques illustrent parfaitement cette prédation ailée : le messager sagittaire et le serpentaire bacha.
Le messager sagittaire
Majestueux rapace d’Afrique, le messager sagittaire est un chasseur de serpents hors pair. Ses serres puissantes et son bec acéré constituent des armes fatales contre les reptiles, même les plus grands.
Lors de ses chasses, il déploie une technique spectaculaire : après avoir repéré sa proie, il fond sur elle à une vitesse fulgurante, la saisit avec ses serres et la projette violemment au sol à plusieurs reprises, jusqu’à ce qu’elle soit neutralisée.
Le messager sagittaire bénéficie également d’une immunité naturelle au venin, ce qui lui permet d’attaquer sans crainte les espèces les plus venimeuses.
Le serpentaire bacha
Habitant les forêts tropicales d’Asie du Sud-Est, le serpentaire bacha est un aigle au régime alimentaire singulier.
Contrairement à la plupart des rapaces, il se nourrit presque exclusivement de serpents venimeux, notamment de cobras et de crotales. Pour capturer ses proies, il a développé des techniques de chasse élaborées.
Il commence par repérer un serpent depuis les airs, puis se laisse tomber sur lui, ailes déployées.
Une fois au sol, il utilise ses ailes comme bouclier pour se protéger des morsures, tandis qu’il immobilise le reptile avec ses serres. Grâce à son bec puissant, il parvient ensuite à décapiter le serpent, neutralisant ainsi le danger.
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QUAND LES REPTILES S’ENTRETUENT : LUTTES FRATRICIDES CHEZ LES SERPENTS
Dans le règne animal, la compétition pour les ressources et le territoire peut parfois mener à des affrontements violents, y compris entre membres de la même espèce.
Les serpents n’échappent pas à cette réalité, et certains d’entre eux sont particulièrement redoutables lorsqu’il s’agit de défendre leur espace vital ou d’éliminer un rival potentiel.
LE COBRA CRACHEUR
Le cobra cracheur (Naja sp.) est un exemple frappant de serpent territorial prêt à en découdre avec ses congénères. Lorsqu’un intrus pénètre sur son territoire, il n’hésite pas à engager un combat violent pour faire valoir sa domination.
Ces affrontements peuvent être particulièrement brutaux, les deux adversaires s’enroulant l’un autour de l’autre dans une lutte acharnée. Mais le cobra cracheur dispose également d’une arme de dissuasion redoutable : son venin, qu’il peut projeter avec précision jusqu’à plusieurs mètres de distance.
Cette capacité unique lui permet de maintenir ses rivaux à distance et d’éviter un affrontement physique direct.
Selon une étude menée en Afrique du Sud, les interactions agonistiques entre cobras cracheurs peuvent représenter jusqu’à 20% de leur budget-temps lors de la saison de reproduction.
LE PYTHON RÉTICULÉ
Le python réticulé (Malayopython reticulatus), l’un des plus grands serpents au monde, est un prédateur opportuniste qui ne dédaigne pas s’attaquer à d’autres serpents, en particulier les juvéniles.
Grâce à sa taille imposante et à sa force de constriction phénoménale, il est capable d’étouffer rapidement ses proies avant de les ingérer.
Bien que les serpents ne constituent pas la base de son régime alimentaire, le python réticulé peut avoir un impact non négligeable sur les populations locales d’ophidiens.
Une étude réalisée en Indonésie a révélé que les serpents pouvaient représenter jusqu’à 12% des proies des pythons réticulés dans certaines régions. Cette pression de prédation, combinée à la destruction des habitats, peut fragiliser certaines espèces de serpents.
LES INVERTÉBRÉS, MENACES INSOUPÇONNÉES POUR LES SERPENTS
Si les serpents sont souvent perçus comme des prédateurs redoutables, ils peuvent eux-mêmes être victimes de certains invertébrés.
C’est notamment le cas des fourmis légionnaires et des mygales, qui représentent une menace sérieuse pour les ophidiens, en particulier pour leurs œufs et leurs nouveau-nés.
LES FOURMIS LÉGIONNAIRES, UNE ARMÉE IMPLACABLE EN MARCHE
Les fourmis légionnaires (Eciton sp.) sont connues pour leurs raids massifs et coordonnés, au cours desquels elles peuvent attaquer et submerger de nombreuses proies.
Les jeunes serpents et les œufs ne font pas exception, et peuvent être littéralement dévorés vivants par ces prédateurs impitoyables.
La stratégie des fourmis légionnaires repose sur leur nombre et leur organisation. En se déplaçant en colonnes serrées, elles peuvent rapidement localiser et envahir les nids de serpents, ne laissant aucune chance à leurs occupants.
Une seule colonie de fourmis légionnaires peut comprendre plusieurs millions d’individus, faisant d’elles une force avec laquelle il faut compter dans les écosystèmes tropicaux.
LES MYGALES, DES ARAIGNÉES GÉANTES AU VENIN FOUDROYANT
Les mygales, ou araignées géantes, sont des prédateurs redoutables qui peuvent s’attaquer à des proies bien plus grandes qu’elles, y compris des serpents. Grâce à leurs puissants chélicères, elles sont capables d’injecter un venin neurotoxique qui paralyse rapidement leurs victimes.
Certaines espèces de mygales, comme la Goliath Birdeater (Theraphosa blondi), peuvent atteindre une envergure de 30 cm et peser jusqu’à 175 g. Cette taille imposante, combinée à leur force et à leur venin, en fait des adversaires de taille pour les serpents.
Des cas de prédation de serpents par des mygales ont été rapportés dans diverses régions du monde, de l’Amérique du Sud à l’Asie du Sud-Est.
LA PLACE DE L’HOMME, ENNEMI JURÉ OU PROTECTEUR DES SERPENTS ?
Au-delà des menaces naturelles que représentent certains prédateurs, les serpents doivent également faire face à un ennemi d’un autre genre : l’Homme.
Nos activités ont un impact considérable sur les populations de serpents à travers le monde, qu’il s’agisse de la destruction des habitats, de la chasse ou des persécutions directes.
Dans de nombreuses régions du globe, les serpents sont activement chassés pour leur peau, leur viande ou en raison de croyances culturelles.
Ces prélèvements massifs, souvent non durables, ont conduit à une diminution drastique de certaines espèces. Selon l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN), près de 20% des espèces de serpents sont aujourd’hui menacées d’extinction.
À cela s’ajoute la destruction des habitats naturels, liée à l’expansion des activités humaines. La déforestation, l’urbanisation et l’intensification de l’agriculture réduisent les zones favorables aux serpents, les privant de sites de reproduction, de chasse et de refuge.
Cette perte d’habitat est considérée comme l’une des principales menaces pesant sur les populations d’ophidiens.
Face à ce constat alarmant, des initiatives de protection et de conservation des serpents ont vu le jour aux quatre coins de la planète.
Des actions de sensibilisation sont menées auprès du grand public pour changer le regard souvent négatif porté sur ces reptiles et souligner leur rôle essentiel au sein des écosystèmes.
En France, le Plan National d’Actions en faveur des serpents, lancé en 2019, vise à améliorer les connaissances sur ces reptiles et à mettre en œuvre des mesures concrètes pour leur protection.
Parmi les espèces concernées figurent la vipère d’Orsini (Vipera ursinii), le lézard ocellé (Timon lepidus) et la couleuvre verte et jaune (Hierophis viridiflavus), toutes trois menacées à des degrés divers sur le territoire.