Chaque année, des dizaines de milliers de passionnés de reptiles et d’arachnides découvrent une créature à la fois magnifique et déroutante : une mygale d’un bleu électrique, aussi rare que fascinante.
Baptisée Poecilotheria metallica, elle est souvent confondue — à tort — avec l’araignée Goliath, pourtant bien différente. Alors, qu’en est-il vraiment de cette “araignée Goliath bleue” ?
Poecilotheria metallica : une araignée bleue aussi rare que spectaculaire
Une espèce à la couleur unique dans le règne animal
La Poecilotheria metallica est une mygale originaire d’Inde, qui doit son surnom à ses reflets bleu saphir métalliques, visibles surtout à la lumière du jour ou sous un flash. Cette couleur est si singulière qu’elle la place parmi les araignées les plus photogéniques et étonnantes jamais observées.
Ce bleu intense n’est pas dû à des pigments, mais à un phénomène physique appelé structure photonique, un peu comme les ailes d’un papillon morpho. Le résultat : un éclat visuel presque irréel.
Découverte et origine : l’Inde abrite un joyau menacé
L’araignée bleue n’a été décrite scientifiquement qu’en 1899, dans la région de Gooty (État d’Andhra Pradesh, sud-est de l’Inde). Depuis, elle n’a été observée que dans une zone forestière de moins de 100 km², ce qui en fait l’une des araignées les plus localisées au monde.
Elle vit dans des troncs d’arbres creux et sort principalement la nuit, ce qui explique pourquoi elle est restée si méconnue pendant longtemps.
Pourquoi elle est souvent confondue avec la Goliath
La confusion vient de deux éléments : sa taille imposante pour une mygale (jusqu’à 20 cm d’envergure avec les pattes), et sa présence sur de nombreuses vidéos virales, souvent mal titrées avec des mots-clés accrocheurs du type “Goliath bleue”.
Or, la véritable mygale Goliath est une autre espèce : Theraphosa blondi, beaucoup plus massive mais au coloris brun. Les deux n’ont rien à voir — ni dans la famille, ni dans la répartition géographique.
🧠 À retenir – Poecilotheria metallica est une mygale bleue rare et spectaculaire, souvent confondue à tort avec l’araignée Goliath.
Taille, venin, comportement : l’ araignée Goliath bleue est-elle vraiment dangereuse ?
Une mygale impressionnante mais pas agressive
Malgré son apparence spectaculaire, cette araignée bleue est plutôt timide. En milieu naturel, elle préfère fuir que mordre. Dans un terrarium, elle peut se montrer plus nerveuse si elle se sent menacée, mais les morsures restent rares.
Elle est classée comme semi-arboricole, ce qui signifie qu’elle passe du temps autant dans les arbres que sur les surfaces basses. Elle est très rapide et peut faire des bonds impressionnants, ce qui peut impressionner les non-initiés.
Un venin douloureux, mais rarement mortel
Comme la plupart des mygales, Poecilotheria metallica est venimeuse. Mais son venin n’est pas mortel pour l’humain. Il peut cependant provoquer des douleurs locales, des gonflements et, dans certains cas, des spasmes musculaires.
Des témoignages d’éleveurs parlent de douleurs semblables à une piqûre de guêpe, qui durent plusieurs heures. Rien de comparable avec un serpent venimeux, mais une morsure reste à éviter à tout prix.
Peut-on la manipuler ? Ce que disent les éleveurs
La réponse est claire : non, cette espèce ne se manipule pas à mains nues. Elle est trop rapide, trop fragile, et son comportement est parfois imprévisible. Contrairement à certaines mygales terrestres plus dociles (comme les Brachypelma), elle ne tolère pas la proximité humaine.
Les passionnés qui la maintiennent en captivité la laissent dans son terrarium, qu’ils aménagent de manière spécifique pour son confort. C’est une espèce d’observation, pas d’interaction.
🧠 À retenir – Aussi impressionnante soit-elle, cette mygale bleue reste discrète et son venin est rarement dangereux — mais elle ne doit jamais être manipulée.
Araignée Goliath bleue, une espèce menacée par la déforestation (et les collectionneurs)
Une aire de répartition minuscule en forêt tropicale
Poecilotheria metallica vit dans une seule et unique zone forestière du sud de l’Inde. La moindre perturbation de son habitat — comme la coupe d’arbres ou les incendies — peut mettre en danger toute la population. À l’échelle mondiale, c’est l’une des araignées les plus vulnérables à l’activité humaine.
Les scientifiques estiment que moins de 500 km² de forêt lui sont encore accessibles aujourd’hui, dans un état de conservation acceptable.
Le braconnage pour les terrariums, un danger réel
Son apparence unique et sa rareté en font une proie de choix pour le marché noir animalier. Des spécimens sont parfois prélevés illégalement dans la nature et vendus à prix d’or à des collectionneurs peu scrupuleux.
Sur certains sites, on trouve des offres à plus de 150 € la mygale juvénile, ce qui alimente un trafic dangereux pour l’espèce. De nombreux spécialistes appellent à n’acquérir que des individus issus de l’élevage certifié.
Son statut officiel sur la liste rouge de l’UICN
Depuis 2014, la Poecilotheria metallica est classée “en danger critique d’extinction” par l’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature). Elle est également inscrite à l’Annexe II de la CITES, qui régule le commerce des espèces menacées.
Cela signifie qu’en théorie, toute exportation doit être tracée, mais en pratique, le marché illégal reste difficile à contrôler.
🧠 À retenir – L’araignée bleue est en danger d’extinction, victime de la déforestation et du trafic animalier.
Goliath et mygale bleue : deux espèces géantes souvent confondues
Theraphosa blondi : la vraie mygale Goliath, plus massive mais moins colorée
Souvent appelée “mygale mangeuse d’oiseaux”, la Theraphosa blondi est la plus grande araignée du monde en termes de masse. Elle peut atteindre 170 grammes et jusqu’à 30 cm d’envergure pattes comprises.
Son apparence est massive, velue, avec des tons bruns foncés à cuivrés, très éloignée du bleu électrique de Poecilotheria metallica.
Originaire d’Amérique du Sud, notamment de la Guyane, du Venezuela et du nord du Brésil, elle vit au sol, dans des terriers, et se nourrit de petits vertébrés comme des grenouilles, des lézards, voire de jeunes rongeurs.
Poecilotheria metallica : plus petite, mais bien plus vive et colorée
En comparaison, Poecilotheria metallica est plus fine, plus vive et surtout nettement plus colorée. Elle mesure jusqu’à 20 cm d’envergure, mais pèse rarement plus de 40 grammes. Sa vivacité et sa capacité à grimper la rendent plus difficile à maintenir en captivité que la Goliath.
Elle appartient à une famille différente : les Theraphosidae pour la Goliath, et les Selenocosmiinae pour la mygale bleue. Leur comportement, leur habitat et leur mode de chasse diffèrent considérablement.
Des confusions entretenues par Internet et les réseaux sociaux
De nombreuses vidéos virales ou articles mal renseignés mélangent ces deux espèces sous des titres génériques comme “Goliath bleue” ou “mygale géante aux couleurs incroyables”. Résultat : la confusion est totale pour le grand public.
Ce mélange contribue au mythe, mais nuit à la compréhension réelle de ces animaux, et alimente parfois des peurs injustifiées ou des achats irréfléchis.
🧠 À retenir – L’araignée Goliath et la mygale bleue sont deux espèces distinctes : l’une est massive, l’autre colorée — mais elles n’ont rien en commun.
L’araignée bleue peut être adoptée, mais sous conditions strictes
Un prix élevé pour un spécimen rare
En élevage, Poecilotheria metallica est disponible dans certaines animaleries spécialisées, mais jamais à bas prix. Comptez entre 120 et 250 € pour un juvénile élevé en captivité, et jusqu’à 400 € pour une femelle adulte.
Ce tarif s’explique par sa rareté, son statut protégé, et la complexité de son élevage. Il est impératif de vérifier que le vendeur fournit une preuve d’élevage en captivité, et non un individu prélevé dans la nature.
Des conditions de maintenance très précises
Cette mygale nécessite un terrarium vertical d’au moins 30 × 30 × 45 cm, avec de nombreuses branches, cachettes, et une forte hygrométrie (70 à 80 %). La température idéale se situe autour de 24-26 °C, avec une légère baisse nocturne.
Elle est très vive, donc les ouvertures doivent être sécurisées, et les manipulations manuelles sont à proscrire. Ce n’est pas une espèce pour débutant, et son comportement rapide peut surprendre même les amateurs expérimentés.
Une réglementation à connaître avant l’achat
En France, la détention de Poecilotheria metallica n’est pas soumise à un certificat de capacité, contrairement à d’autres espèces plus dangereuses. Mais cela ne signifie pas qu’elle est en libre accès.
Il est obligatoire d’enregistrer l’animal auprès de la DDPP (Direction départementale de la protection des populations), et de pouvoir justifier de sa provenance légale. En cas de non-respect, des amendes ou saisies peuvent être appliquées.
🧠 À retenir – Adopter une araignée bleue est possible, mais exige de l’expérience, un budget conséquent et le respect strict de la législation.
Une fascination croissante pour une espèce encore méconnue
Une apparence qui défie la logique naturelle
Chez les arachnides, les couleurs vives sont rares. Le bleu intense de Poecilotheria metallica est donc une anomalie fascinante, qui attire autant les passionnés que les curieux. Certaines photos, prises sous lumière UV, montrent des reflets presque fluorescents.
Ce visuel unique contribue à son statut culte chez les terrariophiles, mais aussi à une médiatisation virale sur Internet.
Une star sur YouTube, TikTok et les réseaux spécialisés
Des vidéos présentant cette mygale atteignent régulièrement plusieurs millions de vues, souvent accompagnées de musiques dramatiques et de titres sensationnalistes. Cette exposition a accru son attrait — mais aussi les risques de mauvaise détention.
Certains influenceurs spécialisés, comme Tonton Snake ou Exotic Lair, ont contribué à la faire connaître dans le monde entier, en insistant sur l’importance de la respecter comme animal, pas comme accessoire de spectacle.
Une créature miroir de nos peurs et de notre fascination pour l’exotisme
La peur des araignées est universelle, mais elle cache souvent une curiosité profonde pour ce qui nous échappe. L’araignée Goliath bleue cristallise cette ambivalence : elle dérange autant qu’elle émerveille.
Son succès tient sans doute à cela : un mélange de mystère, de beauté et de danger maîtrisé, qui nous pousse à la regarder — même quand on préfère détourner les yeux.
L’araignée bleue fascine par sa couleur unique, mais aussi parce qu’elle incarne à merveille notre rapport complexe au monde animal.
Conclusion
Derrière le nom trompeur d’”araignée Goliath bleue” se cache une espèce rare, spectaculaire, mais souvent mal comprise : Poecilotheria metallica. Plus vive que massive, plus fragile que terrifiante, elle mérite bien plus qu’un simple buzz sur les réseaux sociaux.
Que l’on soit passionné ou simplement curieux, comprendre cette mygale bleue, c’est aussi mieux respecter ce que la nature a de plus étonnant à offrir.
✍️ Cet article a été rédigé par Camille R. ( Soigneuse animalière & passionnée de reptiles)

Camille soigne des reptiles au quotidien. Elle connaît par cœur les caprices d’un gecko, les habitudes d’une couleuvre, et les questions qu’on lui pose toujours (“Mais… ça mord ?”).