Le métabolisme hivernal des serpents ralentit de 40 à 90 % selon les espèces, rendant parfois leur digestion risquée durant cette période. Faut-il jeûner un serpent pendant l’hiver ou adapter ses soins en fonction de la brumation ? Voici ce que révèle la science en 2025.
Comprendre le métabolisme du serpent en hiver : pourquoi la brumation change tout
Qu’est-ce que la brumation chez les serpents ?
La brumation est l’équivalent de l’hibernation chez les reptiles, mais avec des spécificités physiologiques distinctes. Chez les serpents, cette phase correspond à une période de ralentissement intense du métabolisme, influencée par la baisse des températures et de la photopériode.
Contrairement à l’hibernation durant laquelle les mammifères entrent en sommeil profond, les serpents restent semi-actifs. Leur corps conserve une activité minimale : ils se déplacent peu, mangent rarement, mais restent conscients de leur environnement. La brumation dure généralement de 6 à 12 semaines, variant selon l’espèce, l’origine géographique et les conditions de captivité.
Ce processus est naturel chez de nombreuses espèces originaires de climats tempérés, comme le python royal (Python regius) ou la couleuvre à collier (Natrix natrix). En captivité, il est crucial de l’accompagner correctement pour éviter les complications nutritionnelles et métaboliques.
Différences entre hibernation et brumation : attention aux confusions fréquentes
L’hibernation implique une suspension quasi totale des fonctions vitales, typique des mammifères endothermes comme les ours. La brumation, propre aux reptiles ectothermes, entraîne un ralentissement sans interruption complète des fonctions vitales.
En brumation, un serpent peut occasionnellement se déplacer, boire ou se repositionner dans son terrarium. On note également des différences en termes de durée et d’objectif : la brumation sert à synchroniser le cycle de reproduction et à préserver l’énergie pendant un climat défavorable.
Cette confusion fréquente peut être responsable de pratiques inadéquates, comme forcer l’hibernation ou la suppression complète de la chaleur dans le terrarium, ce qui est potentiellement dangereux.
Comment le métabolisme du serpent ralentit-il en hiver ?
Sous l’effet combiné de la baisse des températures et de la réduction du cycle lumineux (photopériode), le métabolisme des serpents ralentit drastiquement. Leur système digestif devient moins efficace et les fonctions hépatiques déclinent.
Une digestion incomplète à cette période peut entraîner une putréfaction des aliments dans l’estomac, provoquant des infections parfois mortelles. De même, un jeûne mal préparé peut causer de l’amaigrissement ou un affaiblissement du système immunitaire.
C’est pourquoi l’alimentation hivernale doit suivre une logique biologique et non un calendrier humain.
Faut-il jeûner un serpent pendant l’hiver ? Ce que disent les experts en 2025
Les recommandations vétérinaires actuelles sur le jeûne hivernal des serpents
En 2025, la majorité des vétérinaires spécialisés NAC s’accordent à dire que le jeûne est une réponse naturelle à la brumation. Forcer un serpent à s’alimenter durant cette période est considéré comme une erreur, sauf en cas de pathologie nécessitant une nutrition assistée.
D’après l’Association Française des Vétérinaires Herpétologues (AFVH), 80 % des serpents en captivité présentent un ralentissement marqué de l’appétit entre novembre et février. Cela varie selon l’espèce, l’origine géographique et les conditions ambiantes.
Le jeûne hivernal doit donc être anticipé par une transition alimentaire progressive et non subi de façon abrupte à l’arrivée du froid.
Pourquoi certains serpents refusent naturellement de s’alimenter en hiver
Plusieurs facteurs déclenchent ce jeûne spontané : la réduction des heures de lumière, la baisse des températures et des signaux hormonaux internes liés au rythme circadien.
Des espèces comme le boa constrictor, le milk snake (Lampropeltis triangulum) ou le python réticulé arrêtent d’eux-mêmes de se nourrir dès que leur environnement devient hivernal. Cette réaction, purement instinctive, vise à éviter les complications digestives dans un organisme ralenti.
Chez ces espèces, proposer de la nourriture est inutile, et parfois nuisible.
Les espèces de serpents qui doivent jeûner… et celles qui ne doivent pas
Si la majorité des serpents entrent en période de jeûne naturel, certaines espèces tropicales n’ont pas évolué pour supporter une brumation prolongée.
Par exemple :
– À jeûner impérativement : python royal, couleuvre rayée, elaphe guttata
– À maintenir en alimentation régulière : serpent des mangroves (Boiga dendrophila), python indien, espèces arboricoles tropicales
Pour ces dernières, on adapte simplement la fréquence des repas tout en maintenant une température constante naviguant autour de 28°C.
🧠 À retenir : Tous les serpents ne doivent pas jeûner en hiver ; le respect du rythme naturel dépend de leur espèce et de leur aire d’origine.
Les 5 erreurs fréquentes à éviter avec le jeûne hivernal du serpent
1. Forcer un serpent à manger pendant la brumation
C’est l’erreur la plus courante des débutants. Quand un serpent entre en brumation, son système digestif ne peut plus fonctionner correctement. Insister pour lui faire avaler une proie peut causer une nécrose digestive, voire une septicémie.
Il est essentiel de respecter le rythme de l’animal sans projeter des attentes humaines.
2. Maintenir une température trop élevée ou trop basse
Une température inadéquate perturbe totalement le métabolisme du serpent. Trop basse, elle provoque un ralentissement extrême menaçant sa santé. Trop élevée, elle l’empêche de brumer correctement, générant du stress et de l’agressivité.
La zone chaude du terrarium doit être maintenue à 24-26°C pour les espèces tempérées, et vers 28-30°C pour les tropicales non-brumeuses.
3. Mal identifier les signes de brumation vs maladie
Un serpent qui bouge peu et refuse de s’alimenter n’est pas toujours en brumation : cela peut masquer une infection respiratoire, une infestation parasitaire ou une pathologie digestive.
Un suivi vétérinaire s’impose si le poids chute de plus de 15 % ou si le serpent présente des troubles d’équilibre ou des écoulements nasaux.
4. Ne pas adapter l’alimentation avant et après l’hiver
Il faut réduire progressivement les repas dès l’automne, en espaçant les distributions tous les 15 jours, puis 3 semaines. Après la brumation, la reprise doit également être douce : commencer avec des proies plus petites et facilement digestibles.
Un retour agressif à une alimentation normale peut surcharger le foie et causer des rejets.
5. Oublier l’hydratation pendant la période de jeûne
Même si les serpents ne mangent pas pendant la brumation, ils doivent rester hydratés. Une gamelle d’eau propre à température ambiante doit toujours être disponible, et contrôlée tous les deux jours.
La déshydratation est l’un des premiers facteurs de faiblesse immunitaire chez les reptiles en captivité.
Comment bien préparer un serpent au jeûne hivernal en captivité ?
Adapter la température et la photopériode progressivement
La préparation doit commencer dès fin septembre. Il est recommandé de :
– Réduire la photopériode de 1 heure par semaine jusqu’à atteindre 8 heures/jour
– Abaisser doucement la température nocturne à 20-22°C pour les espèces concernées
– Toujours conserver un gradient thermique pour éviter les chocs thermiques
Ce rythme simulateur de saison évite les à-coups physiologiques.
Réduire la fréquence des repas avant la brumation
En diminuant l’apport alimentaire dès l’automne, l’intestin a le temps de se vider complètement. On passe généralement d’1 repas par semaine à 1 toutes les 3 à 4 semaines.
Un serpent qui entre en brumation avec une proie non digérée risque un arrêt digestif, avec fermentation et complications graves.
Surveiller le poids et l’état général du serpent
Avant la brumation, un bilan de santé vétérinaire NAC est recommandé. Il permet de s’assurer que l’animal a suffisamment de réserves et qu’aucune pathologie ne contre-indique cette phase.
Une pesée mensuelle suffit ensuite à vérifier qu’il conserve au moins 80 % de son poids initial.
🧠 À retenir : Une transition alimentaire et thermique progressive est indispensable pour permettre au serpent de supporter un jeûne hivernal sans danger.
Que faire si votre serpent refuse de manger en hiver ?
Quand faut-il s’inquiéter d’un jeûne prolongé ?
Un serpent en bonne santé peut jeûner jusqu’à 3 mois sans conséquences. On commence à surveiller attentivement passé 2 mois, surtout si une perte de poids supérieure à 10 % est observée.
Si le jeûne se prolonge après mars, il faut consulter un vétérinaire NAC pour éliminer toute cause pathologique.
Signes de santé à surveiller pendant la période de jeûne
– Maintien d’une activité minimale (exploration sporadique)
– Absence de mucus ou sifflement nasal
– Peau bien hydratée, sans perte d’élasticité
– Aucune perte musculaire visible
Ces éléments indiquent que le serpent traverse une brumation physiologique normale.
Quand consulter un vétérinaire spécialisé NAC ?
Il est impératif de consulter si :
– Le serpent présente des signes neurologiques
– Il perd >15 % de son poids en 6 semaines
– Il reste amorphe malgré la remontée printanière de la température
Les vétérinaires NAC disposent d’outils permettant de détecter précocement les déficits nutritionnels et digestifs post-brumation.
Faut-il jeûner un serpent pendant l’hiver ? Résumé des bonnes pratiques à retenir
– Le jeûne hivernal est naturel chez les serpents brumateurs
– Savoir différencier espèce tropicale ou tempérée est vital
– Toujours privilégier une adaptation progressive
– Ne jamais forcer l’alimentation pendant la période de froid
– Surveiller poids, comportement et hydratation
Notre dernier mot
Respecter le rythme naturel et les besoins biologiques d’un serpent, c’est lui offrir les conditions de vie les plus saines en captivité. En hiver, le jeûne devient alors une précaution, et non un danger.