Dans le règne animal, certains serpents rivalisent avec les poissons en agilité aquatique. En 2025, plus de 80 espèces sont identifiées comme semi-aquatiques ou aquatiques, capables de se mouvoir aisément dans l’eau douce ou salée.
Voici un panorama fascinant de ces reptiles qui nagent très bien et méritent toute notre attention.
Des corps faits pour l’eau : comment certains serpents nagent si bien
Une morphologie adaptée aux milieux aquatiques
Tous les serpents ne sont pas capables de bien nager. Ceux qui excellent dans l’eau présentent des caractéristiques physiques spécifiques. Leur corps est généralement allongé, musclé, et souvent aplati latéralement, facilitant les mouvements sinusoïdaux dans le milieu aquatique.
Les écailles ventrales, larges et lisses, permettent de minimiser la friction avec l’eau. Chez certaines espèces marines comme les hydrophiines, la queue est aplatie verticalement, jouant un rôle de pagaie. Cette adaptation morphologique permet un excellent contrôle directionnel et une propulsion efficace.
Les techniques de nage utilisées selon les espèces
Les serpents aquatiques n’utilisent pas tous la même méthode pour nager. La plupart adoptent une ondulation latérale en forme de S, semblable à celle des anguilles. Ce mouvement est efficace pour fendre l’eau, même dans les courants.
Certaines espèces, comme la couleuvre tesselée, sont capables de changer de direction rapidement pour capturer des proies. Les serpents marins, quant à eux, ont perfectionné une nage ondulatoire verticale pour économiser de l’énergie et rester à la surface plus longtemps entre deux plongées.
Comparaison entre serpents terrestres et aquatiques
Les serpents terrestres peuvent nager en cas de besoin, mais rarement avec la fluidité des espèces aquatiques. Une couleuvre à collier, bien qu’observée régulièrement dans l’eau, montre une nage plus raide et fatigante comparée à une couleuvre vipérine, véritable nageuse expérimentée.
Les différences se ressentent aussi dans la respiration : certains serpents marins comme le serpent marin à nez aplati (Hydrophis platurus) peuvent retenir leur souffle jusqu’à 2 heures, alors qu’un serpent terrestre atteint rarement plus de 15 minutes.
7 espèces de serpents qui nagent très bien (et où les observer)
La couleuvre vipérine : la fausse vipère des rivières d’Europe
Présente en France, notamment dans le sud-ouest et en Corse, Natrix maura est un serpent inoffensif qui imite la vipère pour se défendre. Elle affectionne les eaux calmes et peu profondes : lacs, ruisseaux, fossés.
Capable de plonger plusieurs minutes, elle chasse principalement des poissons et des amphibiens. Sa nage est fluide, ponctuée de phases d’apnée maîtrisées.
La couleuvre tesselée : une nageuse hors pair des zones méditerranéennes
Natrix tessellata fréquente le sud-est de la France, notamment le long du Rhône. Son corps fin, ses écailles brillantes et son instinct de chasse en font une véritable prédatrice aquatique.
Elle est capable de détecter les vibrations dans l’eau pour traquer ses proies. Sa nage, rapide et précise, lui permet d’attraper des poissons à grande vitesse, même dans les eaux troubles.
Le serpent jarretière : champion des eaux douces en Amérique du Nord
Très répandu aux États-Unis, le Thamnophis sirtalis est une espèce adaptable, que l’on retrouve dans les étangs, marécages et fossés. Il nage bien, même dans les eaux stagnantes.
Son régime alimentaire est varié : poissons, grenouilles, vers aquatiques. Il alterne nage en surface et plongée rapide pour surprendre ses proies. Sa vivacité en fait un excellent nageur à courte distance.
L’hydrophiine à nez aplati : le serpent marin par excellence
Parmi les serpents qui nagent très bien, les hydrophiines sont les champions. Hydrophis platurus, présent dans l’océan Pacifique, vit exclusivement en mer. Il se nourrit de poissons et de calmars qu’il poursuit dans les récifs.
Il peut rester sous l’eau jusqu’à deux heures et effectuer des trajets de plusieurs kilomètres. Son corps comprimé latéralement, sa queue en forme de rame et ses narines fermables sont des adaptations extrêmes à la vie marine.
L’érémophis d’Arabie : un nageur discret des oasis
Peu connu, l’Erythrolamprus aesculapii est un serpent semi-aquatique du Moyen-Orient, qu’on observe dans des zones humides désertiques. Il nage bien dans les oasis et petites mares, en quête de petits poissons ou de têtards.
Ses déplacements sont silencieux et précis, ce qui le rend difficile à repérer, même en plein jour. Il constitue un exemple fascinant de niche écologique aquatique en milieu aride.
Le cobra d’eau de l’Inde : à la croisée des mondes aquatique et terrestre
Le Naja kaouthia, ou cobra monocle, vit dans les rizières et marécages d’Asie du Sud-Est. Il nage très bien, surtout pour fuir ou changer de territoire.
Bien qu’il soit un serpent venimeux et terrestre, sa capacité à naviguer rapidement dans l’eau en fait un nageur opportuniste, souvent observé après les moussons, lors des crues.
Le python de Savu : nageur nocturne des îles indonésiennes
Ce python non venimeux, originaire de petites îles de l’archipel indonésien, adore les zones humides et les marécages. Il nage lentement mais efficacement pour approcher ses proies sans bruit, surtout la nuit.
Sa stratégie repose sur la furtivité et l’embuscade, à l’inverse des serpents rapides. C’est un exemple d’adaptation comportementale plus que physique à l’environnement aquatique.
🧠 À retenir
Les serpents aquatiques présentent des adaptations corporelles spécifiques et une technicité de nage variée. Certaines espèces européennes comme la couleuvre vipérine rivalisent avec les serpents marins comme l’hydrophiine à nez aplati, chacun étant maître de son environnement.
Quels environnements abritent ces serpents aquatiques ?
Zones humides d’Europe et d’Asie : marais, rizières, rivières lentes
Les couleuvres européennes fréquentent surtout les bords d’étangs, les rivières à courant faible, les marais, et les rizières. Ces environnements riches en poissons, amphibiens et petits crustacés offrent un terrain de chasse idéal.
Les rizières d’Asie abritent aussi de nombreuses espèces, comme les cobras d’eau ou les krait aquatiques, qui s’y déplacent avec aisance, parfois même lors des périodes d’inondation.
Milieux marins tropicaux : récifs coralliens et lagons
Les serpents marins, comme Hydrophis platurus ou Laticauda colubrina, vivent exclusivement ou partiellement dans l’océan. Ils préfèrent les lagons chauds, les récifs coralliens peu profonds, et les zones riches en petits poissons.
Ils peuvent parcourir de grandes distances et sont souvent vivipares, donnant naissance directement dans l’eau, un fait rare chez les reptiles.
Adaptation des serpents aux conditions extrêmes (eaux salées, courants, etc.)
Certains serpents, comme les hydrophiines, ont développé des glandes spéciales pour expulser l’excès de sel absorbé dans l’eau de mer. Cette adaptation est cruciale pour survivre dans un environnement salin.
D’autres, comme le serpent jarretière, tolèrent des eaux stagnantes et pauvres en oxygène, en adaptant leur fréquence respiratoire et leur comportement.
Pourquoi ces serpents sont essentiels à l’écosystème aquatique
Leur rôle dans la régulation des populations de poissons et amphibiens
Les serpents aquatiques sont souvent au sommet de la chaîne alimentaire des zones humides. Ils régulent les populations de poissons (souvent envahissants) et d’amphibiens, évitant les déséquilibres.
Par exemple, la couleuvre vipérine joue un rôle crucial dans certains étangs méditerranéens en limitant les excès de têtards de crapauds, qui menacent d’autres espèces.
Leur importance comme proies dans la chaîne alimentaire
Même s’ils sont des prédateurs efficaces, ces serpents sont également la cible de nombreux animaux : hérons, cormorans, loutres, rapaces, voire de certains poissons carnivores.
Ils fournissent une source de protéines régulière à de nombreuses espèces, ce qui renforce leur place dans l’écosystème aquatique et les cycles alimentaires locaux.
Les menaces qui pèsent sur ces espèces et les efforts de conservation
La pollution des eaux, l’urbanisation, et les activités humaines (pêche, tourisme, drainage) menacent les habitats de ces serpents. La couleuvre tesselée, par exemple, est aujourd’hui classée en danger localisé dans plusieurs régions d’Europe.
Des actions sont menées en 2025 pour protéger ces reptiles : zones humides classées, interdiction de prélèvements, éducation des riverains pour limiter les destructions inutiles.
🧠 À retenir
Les serpents aquatiques jouent un rôle clé dans l’équilibre des écosystèmes humides. Ils régulent certaines espèces envahissantes, nourrissent des prédateurs variés et sont menacés par les activités humaines, ce qui rend leur préservation cruciale.
Notre dernier mot
Bien plus que de simples nageurs, ces serpents aquatiques sont des acteurs indispensables de la biodiversité. Leur présence est le reflet de milieux naturels en bonne santé.
En 2025, il est plus que jamais temps de changer notre regard sur ces espèces étonnantes et de mieux protéger les écosystèmes aquatiques qu’ils habitent.