Ils font frissonner, fascinent ou inquiètent, mais les serpents ne sont pas invincibles. Chaque année, des milliers d’entre eux finissent dans la gueule ou le bec de redoutables prédateurs.
Certains sont bien connus, d’autres beaucoup plus étonnants. De la mangouste au requin, en passant par des araignées ou des oiseaux spécialisés, découvrez les 10 ennemis naturels les plus efficaces des serpents… et comment ils parviennent à les neutraliser.
Les mammifères qui ne reculent devant rien
Les mammifères sont parmi les prédateurs les plus polyvalents des serpents. Ils utilisent leur intelligence, leur rapidité et parfois leur résistance naturelle au venin pour vaincre ces reptiles, même les plus dangereux.
La mangouste, la chasseuse née des serpents venimeux
Véritable star des combats contre les serpents, la mangouste grise indienne (Herpestes edwardsii) est l’un des rares animaux capables d’affronter un cobra à armes presque égales.
- Sa tactique repose sur une extrême rapidité de mouvement. Elle bondit, évite les coups, et attaque la tête du serpent en un éclair.
- Elle dispose d’une résistance naturelle à certains venins neurotoxiques, ce qui lui permet d’attaquer même des serpents très dangereux sans trop de risques.
- Contrairement à ce que l’on pourrait croire, ce n’est pas l’immunité totale qui la protège, mais une combinaison de tolérance au venin et de réflexes inégalés.
On trouve des mangoustes chasseuses de serpents dans toute l’Asie du Sud et en Afrique, et leur réputation les a même rendues célèbres dans certaines cultures locales.
Raton laveur, renard, porc-épic : des opportunistes efficaces
D’autres mammifères moins spécialisés profitent de certaines circonstances pour capturer des serpents, surtout s’ils sont jeunes, blessés ou en train de muer.
- Le raton laveur est un omnivore rusé : il attrape parfois des serpents qu’il trouve au bord des cours d’eau ou en forêt. Il utilise ses pattes avant très agiles pour les maîtriser.
- Le renard roux peut occasionnellement consommer des serpents, notamment de petites couleuvres ou vipères. Il les secoue violemment pour éviter la morsure.
- Le porc-épic, contre toute attente, est aussi un ennemi potentiel : sa carapace de piquants le protège des assauts, et il a été observé attaquant de petits serpents pour se nourrir, surtout dans certaines régions d’Afrique.
Ces mammifères ne sont pas toujours spécialisés, mais leur polyvalence alimentaire les pousse parfois à inclure le serpent au menu.
Les oiseaux qui traquent les serpents à vue
Dans le ciel ou perchés sur une branche, certains oiseaux sont des chasseurs hors pair, capables de repérer un serpent au sol à plusieurs dizaines de mètres. Leur stratégie repose sur la surprise, la puissance et une excellente vue.
Le serpentaire, spécialiste africain du serpent au sol
Le serpentaire (Sagittarius serpentarius), aussi surnommé “messager sagittaire”, est un oiseau unique vivant dans les savanes africaines. Avec ses longues pattes et sa silhouette de rapace monté sur échasses, il parcourt le sol à la recherche de proies, et les serpents sont tout en haut de son menu.
- Lorsqu’il repère un serpent, il le frappe de coups de pattes puissants et rapides, visant particulièrement la tête.
- Il peut tuer sa proie en quelques secondes, grâce à une pression de frappe qui dépasse 40 kg par cm².
- Sa méthode d’attaque a été largement étudiée : elle repose sur une incroyable coordination œil-pied et une précision chirurgicale.
Les serpents venimeux comme les vipères ou les cobras ne font pas exception : le serpentaire les affronte avec efficacité.
Les aigles et buses ophiophages dans le monde entier
De nombreux rapaces consomment des serpents régulièrement, voire presque exclusivement. C’est le cas des aigles ophiophages.
- L’aigle bateleur en Afrique, l’aigle à bec court en Inde ou encore le serpent eagle en Asie du Sud-Est sont tous connus pour cette spécialisation.
- Ils utilisent leur vision perçante pour localiser des serpents dans les herbes hautes ou les zones rocailleuses, parfois à plus de 100 mètres de distance.
- Leur technique consiste souvent à fondre sur le serpent depuis les airs, le capturer avec leurs serres puissantes, puis s’envoler pour le tuer hors de portée de ses crocs.
Le plumage dense de ces oiseaux protège leurs pattes des morsures, et leur vitesse réduit considérablement le risque d’attaque en retour.
Les serpents mangeurs de serpents (et autres reptiles carnivores)
Le serpent est parfois la proie… d’un autre serpent. L’ophiohagie (le fait de manger des serpents) est relativement courante dans le monde des reptiles. D’autres prédateurs comme les varans n’hésitent pas non plus à les attaquer.
Le cobra royal, le seul serpent vraiment ophiophage
Le cobra royal (Ophiophagus hannah) est une véritable exception parmi les reptiles. C’est le seul serpent connu dont le régime alimentaire est constitué presque exclusivement… d’autres serpents.
- Il peut manger des serpents non venimeux comme des pythons, mais aussi des cobras ou des vipères.
- Il est immunisé contre de nombreuses toxines, ce qui lui permet de s’attaquer à des espèces dangereuses sans crainte.
- Sa stratégie : repérer, suivre, mordre à la nuque et ingérer rapidement, souvent encore vivant.
Ce géant d’Asie du Sud-Est peut mesurer jusqu’à 5,5 mètres et avaler une proie presque aussi longue que lui. Il joue un rôle crucial dans la régulation des populations de serpents dans son habitat naturel.
Le serpent roi et les varans carnivores
En Amérique du Nord, le serpent roi (Lampropeltis getula) est un autre prédateur de serpents bien connu.
- Il chasse les couleuvres, crotales et même les serpents corail, dont il neutralise le venin grâce à une résistance génétique.
- Sa technique est basée sur la constriction : il étouffe sa proie avant de l’avaler entièrement.
Quant aux varans comme le varan du Nil ou le dragon de Komodo, ils n’hésitent pas à s’attaquer à des serpents adultes.
- Leurs mâchoires puissantes, armées de dents recourbées, peuvent découper ou écraser un serpent rapidement.
- Ils profitent souvent de l’effet de surprise ou d’un reptile engourdi pour attaquer.
Ces reptiles démontrent que, dans la nature, même un serpent n’est jamais à l’abri d’un congénère plus gros ou plus rusé.
Les petites bêtes qui surprennent : araignées, amphibiens, insectes
On imagine rarement une araignée ou un crapaud capable de vaincre un serpent. Et pourtant, certains invertébrés ou amphibiens sont capables de neutraliser ces reptiles, parfois bien plus gros qu’eux.
Araignées géantes, fourmis et guêpes sociales
Des études ont montré que certaines araignées pouvaient capturer et tuer des serpents, même mesurant plus de 30 cm.
- Des espèces comme Phoneutria (araignée-banane) ou les veuves noires sont documentées comme tueuses de serpents.
- Leur venin agit rapidement, paralysant la proie avant qu’elle ne puisse réagir.
- Elles l’enrobent ensuite dans leur toile pour la digérer lentement.
Par ailleurs, des colonies de fourmis ou de guêpes sociales (comme les guêpes polistes) peuvent attaquer en masse un jeune serpent, surtout dans les régions tropicales.
- Leur stratégie repose sur le nombre : en quelques minutes, elles peuvent immobiliser puis tuer un serpent trop curieux ou malchanceux.
- Les cas restent rares, mais sont bien documentés par les entomologistes.
Crapauds buffles, grenouilles géantes et autres chasseurs à langue collante
Certains amphibiens géants sont capables de capturer et d’avaler des serpents entiers, notamment quand ces derniers sont jeunes ou de petite taille.
- Le crapaud buffle (Rhinella marina), originaire d’Amérique du Sud mais introduit ailleurs, est un redoutable chasseur.
- La grenouille Goliath (Conraua goliath), la plus grande du monde, peut engloutir un serpent comme une simple sauterelle.
Leur tactique repose sur leur langue collante projetée en un éclair, puis sur une puissante déglutition.
- Ces prédations sont plus opportunistes que ciblées, mais témoignent de la diversité des menaces que subissent les serpents.
Les prédateurs aquatiques des serpents marins
Les serpents marins sont parfaitement adaptés à la vie sous l’eau, mais ils ne sont pas pour autant invincibles. Dans les océans tropicaux, plusieurs espèces animales ont développé des stratégies pour les capturer.
Requins, mérous et crabes côtiers
Les serpents marins (comme Hydrophis ou Laticauda) peuvent être les victimes de gros poissons ou de crustacés géants.
- Des requins-taureaux ou requins à pointes noires ont été observés mangeant ces serpents.
- Des mérous géants, pesant plusieurs centaines de kilos, les avalent parfois d’un seul coup.
- Les crabes géants côtiers profitent des marées basses pour piéger des serpents dans les rochers ou les mangroves.
Leur absence d’abri ou leur besoin fréquent de remonter respirer les rend vulnérables à ces attaques surprises.
Oiseaux pêcheurs comme le balbuzard et les hérons
Plusieurs oiseaux d’eau douce ou marine ajoutent aussi les serpents marins à leur menu, surtout lorsqu’ils chassent en zones côtières.
- Le balbuzard pêcheur, par exemple, a été filmé capturant des serpents marins en vol rasant.
- Les hérons, échassiers patients, peuvent attaquer les jeunes serpents qui nagent en surface ou qui s’échouent à marée basse.
Grâce à leur long bec, ils piquent rapidement avant de soulever la proie hors de l’eau, pour l’assommer ou l’avaler.
Conclusion
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, les serpents sont loin d’être tout en haut de la chaîne alimentaire. De la mangouste au crapaud géant, du cobra royal aux rapaces, une foule d’ennemis naturels les guette. Chaque prédateur a développé des stratégies uniques pour vaincre un animal pourtant redouté.