Un serpent de près de 6 mètres découvert dans les marais de Floride. Une espèce rare localisée après 60 ans d’invisibilité en Afrique. Des villages entiers mis en alerte après l’apparition d’un cobra royal. Derrière ces événements se cache souvent une même figure discrète, mais redoutablement efficace : le pisteur de serpents.
Souvent méconnu, ce métier attire autant par sa dangerosité que par la fascination qu’il exerce. Mais que fait réellement un pisteur de serpents ? Où travaille-t-il ? Et surtout, peut-on le devenir ? Voici un tour d’horizon complet pour comprendre cette profession hors norme.
Le métier de pisteur de serpents : un rôle aussi rare que risqué
Qu’est-ce qu’un pisteur de serpents ?
Le pisteur de serpents est un spécialiste de terrain capable de repérer, localiser, suivre et parfois capturer des serpents, qu’ils soient venimeux, envahissants ou rares.
Il peut intervenir dans plusieurs contextes : protection des populations humaines, conservation des espèces, études scientifiques ou encore gestion de serpents invasifs comme en Floride.
Contrairement à un herpétologue, qui est souvent un chercheur ou biologiste étudiant les reptiles et amphibiens, le pisteur agit concrètement sur le terrain, parfois sans formation académique, mais avec une connaissance exceptionnelle de l’environnement.
Il peut être :
- un autochtone initié aux techniques de traque,
- un scientifique formé à la capture,
- ou un professionnel mandaté par un parc, une ONG ou un gouvernement.
Où travaille un pisteur de serpents ?
Les pisteurs opèrent là où les serpents sont présents… et problématiques.
Parmi les zones les plus actives :
- Les Everglades (Floride), où le python birman, espèce invasive, menace l’écosystème local.
- Le Gabon, où les pisteurs locaux interviennent dans les réserves naturelles.
- L’Inde ou le Sri Lanka, pour relocaliser des cobras ou kraits apparus près des habitations.
- Certaines régions de l’Amazonie, où des espèces rares ou dangereuses doivent être surveillées.
Mais ce métier existe aussi dans les zones urbaines tropicales, où des serpents s’infiltrent régulièrement dans les maisons, et où leur extraction est vitale.
Les compétences indispensables pour traquer un serpent
Un sens aigu de l’observation
Le bon pisteur sait interpréter les moindres signes : une mue accrochée à une branche, une traînée dans le sable, une absence soudaine d’oiseaux dans une zone… Autant d’indices invisibles pour la plupart d’entre nous, mais clairs comme de l’eau de roche pour lui.
Il apprend à :
- reconnaître les traces de passage laissées par le ventre ou les écailles,
- identifier les zones de chasse ou de repos des serpents,
- écouter les sons ambiants (comme le bruissement d’un serpent rampant dans les feuilles sèches).
Ces compétences s’acquièrent souvent par l’expérience de terrain plus que par la théorie.
Une grande connaissance des espèces locales
Un bon pisteur sait immédiatement différencier un serpent inoffensif d’un tueur potentiel.
Il doit maîtriser :
- le comportement des espèces : territorial, nocturne, agressif ou fuyant,
- leur période d’activité (reproduction, chasse),
- leur biotope préféré : forêt dense, marécage, sous-bois, zone aride…
Par exemple, le python birman se tapit souvent dans des canaux d’irrigation, tandis que le mamba noir préfère les zones broussailleuses ouvertes.
Techniques et outils des pisteurs professionnels
Techniques traditionnelles et ancestrales
Dans de nombreuses régions du monde, le pistage des serpents repose sur un savoir ancestral, transmis de génération en génération.
Les G’bayas, au Cameroun, sont réputés pour leur capacité à suivre les pythons sur plusieurs kilomètres sans aucune technologie moderne. Ils utilisent :
- la forme des empreintes laissées sur le sol,
- les réactions des animaux de la forêt,
- et parfois même leur propre odorat, entraîné à détecter la présence de reptiles.
D’autres méthodes incluent l’utilisation d’appâts vivants (comme des rongeurs) placés près des terriers pour forcer l’apparition du serpent.
Équipements modernes et technologie
Les pisteurs professionnels d’aujourd’hui ont accès à des outils de pointe pour améliorer leur efficacité :
- crochets à serpents pour la manipulation en sécurité,
- pinces spéciales pour la capture des spécimens venimeux,
- caméras thermiques pour repérer les reptiles à sang froid dans la végétation,
- balises GPS ou radio-pistage pour suivre des individus relâchés à des fins scientifiques.
Certains utilisent même des drones pour explorer les zones difficilement accessibles et repérer les mouvements suspects.
Où exerce-t-on ce métier aujourd’hui ?
Les Everglades : un cas d’école pour la chasse au python birman
En Floride, la prolifération du python birman est devenue un problème écologique majeur. Importée dans les années 1980 comme animal domestique, l’espèce a colonisé les marécages, détruisant une partie de la faune locale.
Résultat : le gouvernement a mis en place des programmes comme le Python Elimination Program, où des pisteurs sont rémunérés à la capture. En 2022, un python femelle de 5,94 mètres y a été retrouvé, un record historique.
Ces actions ont une double finalité :
- protéger la biodiversité (cerfs, oiseaux, petits mammifères),
- éviter les incidents avec les humains.
Un exemple récent est disponible dans cet article de référence en français (en bleu comme demandé).
D’autres terrains d’intervention dans le monde
Dans la réserve de la Lopé, au Gabon, les pisteurs collaborent avec les chercheurs pour étudier les reptiles endémiques, comme le python de Seba ou le cobra cracheur.
En Amazonie, certains travaillent avec des biologistes pour identifier les serpents encore mal connus, parfois à plusieurs jours de marche de toute civilisation.
Et dans certaines villes indiennes, des pisteurs sont appelés à la moindre apparition d’un serpent dans une habitation, en raison de la dangerosité potentielle de certaines espèces locales (krait, cobra indien…).
Comment devenir pisteur de serpents ? Formation, débouchés, réalité du terrain
Existe-t-il une formation officielle ?
À ce jour, il n’existe pas de diplôme officiel intitulé “pisteur de serpents”. Cependant, plusieurs chemins mènent à cette activité :
- Licences ou masters en biologie/écologie, avec une spécialisation en herpétologie,
- Formations de terrain via ONG ou réserves naturelles,
- Autoformation intensive couplée à une expérience directe dans des régions à forte présence de serpents.
Dans certains pays comme l’Inde, il existe des modules de certification pour la manipulation sécurisée des serpents, notamment pour les professionnels intervenant dans les zones urbaines.
Salaire, débouchés et conditions de travail
Le métier reste peu répandu, mais les débouchés existent :
- ONG environnementales (WWF, IUCN),
- parcs nationaux,
- missions scientifiques,
- émissions documentaires ou productions animalières,
- services publics en zones tropicales (ex : régulation d’espèces invasives).
Les salaires sont variables : souvent modestes, mais certains experts renommés peuvent percevoir des rémunérations élevées lors de missions spécifiques.
Il faut cependant être prêt à affronter des conditions extrêmes :
- chaleurs tropicales,
- zones infestées de moustiques ou de sangsues,
- isolement géographique,
- risque de morsure ou d’accident.
Conclusion
Le pisteur de serpents n’est pas un simple aventurier : c’est un expert du vivant, capable de lire la nature comme un livre ouvert.
Son rôle est essentiel dans la protection des écosystèmes, la sécurité des populations et l’étude des reptiles.