La brumation est un phénomène naturel qui touche de nombreuses tortues en hiver : jusqu’à 60 % des tortues terrestres ralentissent leur métabolisme en période froide. Ce processus, crucial pour leur santé, est pourtant mal compris. Zoom sur les erreurs les plus fréquentes à ne pas commettre.
Erreur 1 : Ne pas reconnaître les signes de début de brumation chez la tortue
Symptômes typiques avant l’entrée en brumation
Avant d’entrer en brumation, les tortues adoptent un comportement particulier. Elles deviennent moins actives, mangent de moins en moins, et cherchent à s’enterrer ou à se cacher. Ce ralentissement est progressif et naturel.
Les espèces comme la tortue d’Hermann ou la tortue grecque montrent aussi une baisse d’intérêt pour leur environnement. Leur métabolisme prépare doucement le passage en état d’hibernation.
Ne pas identifier ces signes peut mener à une mauvaise gestion de la transition, et déclencher des problèmes de santé liés à une brumation mal encadrée.
Différences entre brumation et maladie
Confondre la brumation avec une pathologie est une erreur fréquente. Une tortue inactive ne veut pas dire qu’elle est malade… mais il faut pouvoir l’affirmer avec certitude.
Lors de maladies respiratoires ou digestives, des symptômes comme des écoulements nasaux, des yeux fermés ou une diarrhée peuvent être présents. En brumation, ces signes sont absents. La tortue reste réactive si on la manipule.
Une perte d’appétit sans ralentissement général ou une posture inhabituelle (tortue affaissée ou ventre gonflé) doivent alerter.
Quand consulter un vétérinaire spécialisé NAC ?
Dès que le doute s’installe, un passage chez un vétérinaire NAC (Nouveaux Animaux de Compagnie) est indispensable. Il pourra effectuer un bilan de santé pré-brumation :
– Contrôle de la respiration et du transit
– Vérification de la cavité buccale
– Radiographie si besoin pour détecter d’éventuels organes encombrés
Ne laissez jamais une tortue potentiellement malade entrer en brumation sans avis professionnel. Cela mettrait sa vie en danger.
Erreur 2 : Ne pas adapter la température et l’environnement de la tortue
Températures idéales pour une brumation sécurisée
Le paramètre le plus critique pendant la brumation reste la température. Une variation trop importante ou trop chaude empêche l’entrée dans un vrai repos physiologique.
La température idéale pour brumer une tortue terrestre se situe entre 4 et 8°C. Cela doit rester stable jour et nuit sur plusieurs semaines. Pour les tortues aquatiques, certaines espèces nécessitent une température légèrement plus élevée, autour de 10°C.
En dessous de 2°C, l’organisme est en danger de gel. Au-dessus de 10°C, l’animal consomme trop d’énergie et s’épuise.
Choix du lieu : frigo, cave ou terrarium ?
Trois options sont possibles, sous condition de les maîtriser :
– Réfrigérateur : sûr si les conditions d’hygiène et de surveillance sont parfaites. Le modèle doit être dédié, ventilé et stable.
– Cave : si elle est naturellement fraîche et sèche avec une température stable, c’est une bonne option naturelle.
– Terrarium réfrigéré : adapté si les équipements permettent un contrôle précis de la température.
Évitez les garages où la température varie fortement, ou les pièces à vivre qui ne présentent aucune des conditions requises.
Importance de l’hygrométrie et de la ventilation
Une fois la température stabilisée, il faut contrôler :
– Le taux d’humidité, ou hygrométrie, idéalement entre 60 % et 70 %
– Une bonne aération, indispensable pour limiter les moisissures et les affections respiratoires
Changez régulièrement la litière ou le substrat, surtout en milieu naturel. Privilégiez des feuilles mortes sèches ou de la tourbe non traitée. Ne mettez jamais la tortue dans un contenant hermétique.
🧠 À retenir : Le comportement de la tortue et les conditions environnementales sont les deux piliers essentiels de toute brumation réussie. Observer, anticiper et sécuriser sont vos meilleurs alliés.
Erreur 3 : Ne pas jeûner la tortue avant la brumation
Pourquoi le jeûne est vital avant l’hibernation
Avant la brumation, il est impératif que l’intestin de votre tortue soit vide.
Pourquoi ? Parce qu’à une température de 5°C, les bactéries intestinales restent actives alors que la digestion est stoppée. Cela crée un risque majeur : l’empoisonnement ou la septicémie intestinale.
Le jeûne permet donc :
– D’éliminer les selles
– De vider le tube digestif
– De réduire le risque d’infections internes
Durée recommandée du jeûne selon l’espèce
La durée du jeûne dépend de l’espèce mais aussi de l’âge et de la météo. Voici quelques recommandations :
– Tortue d’Hermann adulte : 15 à 20 jours
– Jeune tortue ou tortue moins active : jusqu’à 3 semaines
– Tortue aquatique : période plus courte (selon l’espèce, vérifier auprès de son éleveur)
Pendant le jeûne, placez la tortue à une température transitoire entre 15 et 17°C. Elle restera consciente mais inactive, ce qui facilite la vidange digestive.
Risques d’une brumation avec un intestin plein
Les erreurs de jeûne avant la brumation sont particulièrement graves. Le tube digestif peut continuer à fermenter, créant des gaz, des bactéries, voire une prolifération fongique, très difficile à traiter.
Cela peut aussi induire des douleurs abdominales et retarder le réveil ou provoquer une absence totale de réveil.
L’apparition de selles dans la boîte de brumation est un signe d’alerte : elle n’était pas prête.
Erreur 4 : Laisser une tortue malade entrer en brumation
Bilan de santé à faire avant la mise en repos
Une tortue malade ou affaiblie ne doit jamais entrer en brumation.
Pour éviter cela, un véritable bilan pré-hivernal s’impose. Il inclut :
– Une pesée précise
– Un examen bucco-digestif
– Contrôle des urines ou des selles
– Vérification de l’état général (carapace, membres, yeux)
Certains vétérinaires NAC conseillent aussi une radiographie abdominale chez les tortues âgées.
Maladies incompatibles avec la brumation
Certaines pathologies rendent la brumation mortelle :
– Infection respiratoire
– Parasites internes non traités
– Carences nutritionnelles sévères
– Faiblesse immunitaire diagnostiquée chez les jeunes tortues
Dans ces cas, la tortue doit rester éveillée pendant l’hiver, à température maîtrisée, dans un environnement sécurisé.
Que faire si la tortue est affaiblie ?
Si votre tortue a été malade en automne ou semble très maigre, évitez la brumation. Placez-la dans un terrarium chauffé, entre 20 et 24°C, avec un éclairage UV adapté.
Vous pouvez alors :
– Réhydrater avec des bains tièdes
– Stimuler la prise alimentaire avec des végétaux riches
– Planifier une nouvelle tentative de brumation l’année suivante
Aucune tortue ne doit brumer de force : c’est la garantie de complications graves.
🧠 À retenir : Jeûner n’est pas facultatif, et une tortue fragile met sa vie en jeu si elle entre en brumation sans préparation médicale rigoureuse.
Erreur 5 : Mal gérer la durée de la brumation
Durée moyenne selon les espèces de tortues
Toutes les espèces n’ont pas besoin de brumation, et celles qui brument n’ont pas le même calendrier.
– Tortue d’Hermann : 2 à 3 mois (novembre à février)
– Tortue grecque : jusqu’à 4 mois selon la région
– Tortue aquatique : certaines espèces nord-américaines brument partiellement
Le plus important reste la progressivité de l’entrée et de la sortie. Un changement trop brutal est souvent dangereux.
Comment surveiller sans déranger ?
La surveillance doit être discrète mais régulière. Toutes les deux semaines :
– Vérifiez la température avec un thermomètre externe
– Pesez la tortue pour détecter une perte de masse anormale
– Ouvrez très brièvement la boîte pour vérifier l’hygrométrie et l’absence de moisissures
Évitez de manipuler la carapace inutilement : cela consomme de l’énergie.
Signes que la brumation doit être interrompue
Vous devez interrompre la brumation si :
– Perte de poids supérieure à 10 % du poids de départ
– Apparition d’excréments ou d’urine dans le substrat
– Respiration anormale ou bruits respiratoires
– Hypothermie détectée (température corporelle en dessous de 2°C)
Dans ces cas, réveillez lentement la tortue en remontant les températures progressivement.
Erreur 6 : Ne pas surveiller le poids de la tortue pendant la brumation
Fréquence de pesée recommandée
Le suivi du poids est un indicateur capital pendant l’hibernation des tortues. Une tortue bien préparée perd entre 1 % et 3 % par mois.
Pesez-la :
– Juste avant la brumation (poids de référence)
– Une fois toutes les 2 à 3 semaines pendant la brumation
– À la sortie de la brumation
Notez les données dans un carnet pour pouvoir comparer chaque année.
Seuils d’alerte de perte de poids
Une perte de poids au-delà de certains seuils doit alerter. Par exemple :
– Moins de 5 % en 2 mois : normal
– Entre 6 % et 9 % : à surveiller
– Plus de 10 % : anomalie probable, nécessite une fin anticipée
Chez les très jeunes tortues, ces marges sont encore plus faibles.
Que faire si la tortue perd trop de poids ?
Une perte excessive de poids peut indiquer :
– Une infection non détectée
– Une température trop élevée
– Une absence de réserves suffisantes avant l’entrée en brumation
Dans ce cas :
– Mettez un terme immédiat à la brumation
– Remettez la tortue sous lampe chauffante
– Réhydratez-la dans un bain tiède
– Consultez rapidement un vétérinaire NAC
Aucune perte de poids inhabituelle ne doit être ignorée.
Erreur 7 : Rater la phase de réveil post-brumation
Comment réchauffer progressivement la tortue
La sortie de brumation doit se faire en douceur. Remontez la température de 2°C par jour jusqu’à atteindre 20-22°C.
Laissez la tortue se réveiller d’elle-même. Son métabolisme va redémarrer, et elle sortira spontanément de son abri.
Placez-là ensuite dans un terrarium chauffé avec éclairage UV disponible 12h par jour.
Reprise de l’alimentation : étapes clés
Au réveil, la tortue peut mettre jusqu’à 5 jours avant de manger. Donnez-lui :
– Des végétaux riches en eau (pissenlit, mâche, trèfle)
– Un apport en calcium sous forme de complément ou d’os de seiche
– De l’eau propre à volonté
Si elle ne mange pas au bout d’une semaine, consultez un professionnel. Une baisse prolongée de l’appétit peut cacher une infection ou un trouble digestif.
Signes d’un réveil anormal à surveiller
Soyez attentif à :
– Un œil fermé ou gonflé
– Une carapace molle
– Une démarche asymétrique
– Une respiration sifflante
Tout comportement inhabituel est un signal d’alerte.
🧠 À retenir : La surveillance