On pensait le voir pour la dernière fois il y a des années. Sur les flancs arides du volcan Wolf, dans l’archipel sauvage des Galápagos, l’iguane rose semblait condamné à l’invisible.
Mais contre toute attente, plusieurs bébés ont été observés à l’état sauvage. Leur découverte n’est pas seulement rare : elle rallume l’espoir d’une espèce au bord de l’extinction.
Une redécouverte inespérée sur le volcan Wolf
En mars 2025, les scientifiques de la Galápagos Conservancy ont fait une annonce fracassante : un bébé iguane rose, pesant un peu plus de 2 kilos, a été redécouvert vivant dans la nature. Une prouesse remarquable, car cela faisait plusieurs années qu’aucune naissance n’avait été confirmée.
Cette découverte a été suivie, lors d’une expédition en mai 2025, par la localisation de deux autres jeunes spécimens, également en bonne santé. Tous vivaient sur les pentes hostiles du volcan Wolf, situé sur l’île Isabela, l’une des plus inaccessibles des Galápagos. Ce site est le seul endroit au monde où survit cette espèce unique et intensément menacée.
Pour les équipes engagées depuis des années dans la traque discrète de l’iguane rose, ce fut une victoire bouleversante. Roberto Jiménez, garde-parc depuis plus de 20 ans, raconte avec émotion le moment où il a surpris les minuscules créatures dans la roche volcanique. Ces iguanes, d’un rose pâle rayé de noir, semblent presque irréels dans ce paysage lavique.
Une espèce aussi fragile que spectaculaire
L’iguane terrestre rose des Galápagos (Conolophus marthae) a été découvert seulement en 1986. Ce n’est qu’en 2009 qu’on l’a reconnu officiellement comme une espèce distincte de l’iguane terrestre classique. C’est un véritable trésor vivant, que l’on ne trouve nulle part ailleurs que sur les pentes du volcan Wolf.
Avec environ 200 adultes recensés dans la nature, l’espèce est classée en danger critique d’extinction par l’UICN. Ce qui rend cette redécouverte d’autant plus précieuse, c’est qu’elle prouve pour la toute première fois que des naissances viables peuvent encore survenir dans cet environnement extrême.
Les menaces sont pourtant bien réelles. La principale : les chats errants, introduits par l’homme, qui rôdent près des nids et s’attaquent aux œufs comme aux nouveau-nés. Malgré les efforts de surveillance, ces prédateurs continuent de décimer les jeunes avant qu’ils n’atteignent la maturité.
🧠 À retenir – La redécouverte de bébés iguanes roses sur l’île Isabela constitue un événement scientifique majeur. Elle prouve que l’espèce, bien que critique, continue de se reproduire naturellement malgré les nombreux dangers.
Un travail acharné enfin récompensé
Cela fait des années que les équipes de la Galápagos Conservancy multiplient les efforts pour localiser des zones de nidification. Elles installent des pièges photographiques, analysent des échantillons génétiques et arpentent les pentes du volcan à la recherche du moindre indice.
Mais jusque-là, rien ne garantissait la survie des jeunes iguanes. Voir un nouveau-né en chair et en écailles, c’était presque inespéré. L’observation de plusieurs spécimens dans la nature confirme aujourd’hui que ces efforts, bien que longs et incertains, portent leurs fruits.
Roberto Jiménez, qui a entendu un bébé iguane avant de le repérer, a joué un rôle clé dans cette redécouverte. Cet instant rare vient comme une récompense pour une vie entière dédiée à la préservation de la faune endémique des Galápagos.
Ses paroles, pleines de gratitude, sonnent comme un appel à continuer d’y croire : « Voir ces petits iguanes, c’était le signe que nous attendions. Celui qui nous fait tenir, même quand tout semble perdu ».
Des perspectives portées par la science et l’espoir
Ces redécouvertes ne sont pas seulement une bonne nouvelle. Elles permettent aussi de réadapter les stratégies de conservation. Grâce à ces jeunes spécimens, les chercheurs peuvent mieux comprendre le comportement reproductif des iguanes roses, leurs zones de nidification préférées, leurs périodes d’éclosion.
De nouvelles mesures sont également envisagées pour limiter la présence invasive des chats sauvages, notamment la stérilisation ciblée et la surveillance par drones thermiques.
La question cruciale demeure : les jeunes survivront-ils jusqu’à l’âge adulte pour se reproduire à leur tour ? Car seule une génération nouvelle pourra garantir la pérennité de l’espèce. Mais chaque photo, chaque observation, chaque trace devient un chapitre supplémentaire dans une histoire de résilience.
L’iguane rose n’est pas un simple reptile. Il incarne la beauté fragile des espèces que l’homme, parfois sans le vouloir, pousse vers la disparition. Et aujourd’hui, il nous rappelle que le miracle de la vie peut encore surgir là où on ne l’attendait plus.
📝 Cet article est inspiré de la publication originale :
Pink Iguana Hatchlings Rediscovered On Galápagos Islands Wolf Volcano