Ce serpent libère une arme chimique pour protéger ses fesses des fourmis

Certains serpents ont développé une défense étonnante et… olfactive. Leur arme secrète ? Une sécrétion nauséabonde libérée par leur cloaque, destinée à éloigner les fourmis prédatrices comme les redoutables fourmis de feu.

Ce mécanisme, étudié scientifiquement, pourrait bien bouleverser notre compréhension de la survie chez les reptiles. Car oui, même enfouis sous terre ou sans crocs empoisonnés, certains serpents savent parfaitement se défendre.

Une défense invisible mais redoutable contre les insectes

Les serpents possèdent une glande à parfum… mais à des fins plutôt hostiles. Lorsqu’ils sont dérangés, ils expulsent un liquide issu de leur cloaque, une ouverture multifonction située à l’extrémité de leur ventre. Ce liquide contient des acides carboxyliques, composés aux effets répulsifs et insecticides, spécialement efficaces contre certaines espèces de fourmis.

Cette stratégie olfactive est essentielle, surtout dans les habitats infestés d’insectes agressifs. Chez des espèces comme le python fouisseur d’Amérique centrale (Loxocemus bicolor) ou le serpent aveugle du Texas (Rena dulcis), la résistance aux assauts d’insectes passe rarement par la fuite. À la place, ces reptiles libèrent leur odeur repoussante pour survivre sans lever une écaille.

Une forme de “fumigation” naturelle, que la science commence tout juste à décoder.

Le serpent aveugle : un spécialiste des termites et des fourmis

Le Rena dulcis, aussi appelé serpent aveugle du Texas, mesure moins de 30 cm, et passe sa vie à creuser entre les racines pour chasser des proies minuscules : termites et fourmis. Un mode de vie risqué, surtout quand on comprend que ses cibles vivent en armée structurée, souvent prête à se défendre jusqu’à la mort.

Face à une attaque en masse, ce petit serpent n’a ni crocs ni venin. Mais une arme étonnante : il se roule en boule et libère son liquide cloacal sur toute sa peau. Ce comportement, analysé en laboratoire, s’est révélé extrêmement dissuasif. Trois espèces de fourmis prédatrices – dont la célèbre Solenopsis geminata – reculent immédiatement au contact de cette sécrétion.

Ce blindage chimique agit à la fois à distance (les fourmis évitent le produit) et au contact direct, entraînant paralysie et mort chez nombre d’entre elles.

🧠 À retenir – Certains serpents n’ont pas attendu l’évolution des crocs pour se protéger. Leurs sécrétions cloacales agissent comme répulsifs naturels efficaces contre les insectes. Une stratégie de survie méconnue mais fascinante, surtout chez les espèces souterraines comme Rena dulcis.

Une étude scientifique lève le voile sur des pouvoirs méconnus

Paul J. Weldon (Smithsonian Conservation Biology Institute) et Robert K. Vander Meer (USDA) ont mené une série d’expériences sur les sécrétions cloacales de plusieurs serpents, testées face à des fourmis rouges importées (Solenopsis invicta) mais aussi des fourmis charpentières (Camponotus floridanus). Ils ont testé ces liquides sur différents terrains : répulsivité, toxicité de contact, et effet fumigène.

Leur constat ? Même dans des gouttelettes diluées, les fourmis évitent ces sécrétions dès quelques millimètres de distance. En contact direct, les effets sont dévastateurs : paralysie, comportement erratique, et dans 80% des cas, la mort. Certaines fourmis récupèrent après quelques heures, mais la majorité succombe.

Le plus fascinant est l’universalité de ce pouvoir : plusieurs familles de serpents (boïdes, pythonidés, élapidés, etc.) possèdent cette forme de défense. Autrement dit, l’évolution semble avoir sélectionné cette stratégie olfactive à travers différentes lignées.

Et si la chimie du serpent inspirait l’homme ?

Ce que nature a conçu pour repousser les fourmis pourrait un jour finir dans nos placards, sous forme de répulsifs naturels biologiques. Les acides présents dans les sécrétions cloacales de serpents sont déjà reconnus pour leurs propriétés antimicrobiennes ou insecticides dans d’autres contextes.

Utiliser ces compositions comme source d’inspiration pour des solutions écologiques contre les nuisibles serait une piste sérieusement envisagée. Contrairement aux insecticides classiques, souvent toxiques pour d’autres espèces, ce type de solution serait ciblé et biodégradable.

Au-delà de l’innovation, ces découvertes nous montrent à quel point certains mécanismes de survie restent méconnus, cachés dans les recoins du monde animal.

Et oui… même les fesses d’un serpent peuvent cacher un trésor pour la science.

📝 Cet article est inspiré de la publication originale :
Snakes Have Smelly Butts To Repel Ants

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