À première vue, tout semble paisible sur les chemins boisés du mythique sentier des Appalaches. Pourtant, sous les feuilles mortes ou derrière un rocher, des silhouettes sinueuses vivent leur vie discrètement. Et certaines peuvent s’avérer dangereuses.
Du nord de la Géorgie jusqu’aux sommets du Maine, ces 3 500 kilomètres sont le territoire de nombreuses espèces de serpents, qu’elles soient inoffensives ou redoutablement venimeuses. Voici ce que de simples randonneurs découvrent parfois… un peu trop tard.
Les serpents venimeux à ne surtout pas sous-estimer
Parmi les serpents croisant le chemin des marcheurs du sentier des Appalaches, trois espèces venimeuses représentent un vrai risque si elles sont surprises ou menacées.
La vipère mocassins d’eau (cottonmouth), aussi appelée « bouche de coton » pour l’intérieur blanc de sa gueule qu’elle expose avant de mordre, est peu fréquente mais peut parfois surgir dans les zones humides du sud du parcours, notamment en Géorgie ou Virginie.
Beaucoup plus répandue, la redoutable crotale des bois (Crotalus horridus) est présente presque tout le long du parcours, sauf dans les régions les plus au nord. Avec son bruit de queue reconnaissable — un garde naturel qui avertit avant de frapper —, elle préfère l’évitement, mais la morsure reste sévère.
Enfin, la tête cuivrée (Agkistrodon contortrix) excelle dans l’art du camouflage. Son apparence en forme de sabliers brun-rouillés la rend difficile à distinguer des feuilles mortes, causant des rencontres malencontreuses. Sa morsure cause douleur intense et enflement, même si elle est rarement fatale.
🧠 À retenir — Ces serpents sont discrets et évitent généralement l’homme. Mais sans vouloir les chercher, les randonneurs peuvent vite se retrouver nez à nez avec l’un d’eux. Mieux vaut garder l’œil au sol, surtout en été.
Des serpents inoffensifs… mais impressionnants
Heureusement, la majorité des serpents que l’on croise le long des 14 États traversés sont sans danger. Et certains sont même des alliés naturels, comme le serpent jarretière, fréquemment rencontré depuis la Géorgie jusqu’au Maine. Petit, rayé de jaune ou de vert, il chasse insectes et limaces dans les prairies proches des campements.
Autre colosse pacifique : le serpent ratier de l’Est, souvent noir et long de plus de deux mètres, peut impressionner, mais n’est pas venimeux. Il privilégie une méthode à l’ancienne : l’étouffement. Ce grand constricteur aide à réguler les populations de rongeurs et se prélasse parfois, immobile, le long des sentiers ensoleillés.
L’étonnant serpent à nez retroussé (Hognose de l’Est) est quant à lui connu pour ses talents théâtraux : il s’aplatit, feule comme un cobra, puis simule sa mort en se retournant dos au sol. Un show digne d’Hollywood pour échapper au danger.
Ces petits discrets qu’on ne voit jamais… sauf quand on a de la chance
Parmi les résidents les plus timides du sentier des Appalaches, le petit serpent à collier nordique (Diadophis punctatus edwardsii) tient le haut du panier. Frêle, inoffensif, rarement aperçu, il vit sous les pierres et se nourrit de lombrics et de salamandres. On le reconnaît à son fine anneau jaune qui découpe son cou sombre.
Autre maître du camouflage, le serpent des blés (ou couleuvre fauve) également présent, aime se cacher sous les feuilles ou les rondins et se confond parfois avec des espèces venimeuses, en particulier avec la tête cuivrée. Pourtant, ce paisible chasseur de souris ne demande qu’à vivre sa vie sans déranger.
Enfin, le serpent d’eau brun (Nerodia taxispilota), bien que peu fréquenté par le sentier puisqu’il préfère les zones côtières du sud-est, peut occasionnellement se retrouver sur la portion géorgienne du trail. Leur taille — jusqu’à 1,5 m — et leur habitude de frapper si manipulés injustement peuvent surprendre.
Comment éviter les mauvaises rencontres avec les serpents
Il n’est pas nécessaire d’être herpétologue pour randonner en toute sécurité sur l’Appalachian Trail. Une vigilance de base suffit. Levez les yeux du sentier régulièrement, particulièrement en traversant des zones boisées humides ou couverts de rochers. Portez des chaussures montantes et évitez de marcher dans les broussailles denses.
Ne tentez jamais d’attraper ou de déplacer un serpent, même s’il semble mort. Un réflexe fréquent chez les randonneurs peut provoquer la morsure. Si une morsure survient, il faut s’éloigner calmement, éviter de bouger excessivement le membre atteint, et faire appel à des secours rapidement.
Pour les passionnés de reptiles, croiser un de ces spécimens est une joie, à condition de le faire dans le respect de son espace. Chaque serpent, qu’il soit docile ou dangereux, joue un rôle fondamental dans l’équilibre écologique de ces forêts ancestrales.
📝 Cet article est inspiré de la publication originale :
9 Snakes You Might Encounter on the Appalachian Trail