Spectacles de serpents : 7 vérités troublantes sur une attraction qui divise

Chaque année, des milliers de touristes s’émerveillent devant les charmeurs de serpents, fascinés par ces reptiles qui semblent danser au son d’une flûte. Pourtant, derrière cette image exotique se cache une réalité bien plus sombre.

Bouche scotchée, crochets arrachés, maltraitances invisibles… Ces spectacles cachent des pratiques que peu de spectateurs soupçonnent.

Dans cet article, on vous révèle 7 vérités glaçantes sur les spectacles de serpents — des coulisses peu reluisantes d’un divertissement qui divise de plus en plus l’opinion publique.

1. Les serpents ne « dansent » pas, ils réagissent au stress

Une illusion de musique

Contrairement à une idée reçue, les serpents ne sont pas capables d’entendre la musique telle que nous la percevons. Leur oreille interne capte principalement les vibrations du sol, et non les sons aériens. Ce n’est donc pas le son de la flûte qui les fait réagir.

Alors pourquoi semblent-ils « danser » ? En réalité, ils suivent les mouvements de l’objet agité devant eux, souvent dans une posture d’alerte. Le serpent ne danse pas, il se tient en garde, pensant faire face à une menace potentielle.

Il se redresse et ondule non pas pour le spectacle, mais parce qu’il est dans un état de stress ou de défense.

Une posture de défense, pas de plaisir

Le public croit assister à un ballet mystique. Mais ce qu’il voit, c’est un comportement de survie. La langue agitée, le corps dressé, les mouvements d’intimidation : tout indique que l’animal se sent menacé, non apaisé.

Dans bien des cas, ces serpents sont régulièrement provoqués pour rester dans cette posture défensive. Une méthode qui, à long terme, épuise et traumatise l’animal, au risque de provoquer une mort prématurée.

2. Une pratique ancestrale devenue touristique

Des origines spirituelles à l’attraction de rue

Les spectacles de serpents trouvent leurs racines dans des traditions anciennes, notamment en Inde, en Égypte et au Maroc. Autrefois, les charmeurs faisaient partie d’une caste spécialisée, perçue comme détentrice d’un savoir sacré, capable de guérir ou de chasser les mauvais esprits.

Mais au fil du temps, ces pratiques ont été détournées de leur sens originel. Aujourd’hui, ce sont surtout des animations proposées sur les places publiques, dans les marchés ou lors d’événements, destinées à amuser les passants ou les touristes, sans aucune dimension spirituelle.

Une reconversion sous pression économique

Avec la disparition progressive des croyances associées aux serpents et l’évolution des mentalités, de nombreux anciens charmeurs ont dû se reconvertir dans le tourisme de rue.

C’est notamment le cas sur la célèbre place Jemaa el-Fna à Marrakech, où les charmeurs abordent les passants pour proposer une photo ou un spectacle rapide.

Pris dans la précarité, certains n’ont d’autre choix que de perpétuer ces pratiques, même si elles ne respectent ni l’animal ni la loi. On retrouve ici un enjeu socio-économique complexe, où traditions, pauvreté et demande touristique s’entremêlent.

3. Les conditions de vie des serpents sont souvent déplorables

Contenants inadaptés et privation de soins

En dehors de la scène, la vie des serpents utilisés dans les spectacles est loin d’être idyllique. Beaucoup sont gardés dans de petites caisses en bois, des sacs de jute ou même des boîtes en plastique fermées, sans lumière, sans ventilation, ni espace suffisant pour se mouvoir.

Ils n’ont que rarement accès à une eau propre, et leur alimentation est souvent négligée. Pire encore, l’absence de soins vétérinaires est la norme : ces reptiles souffrent de maladies cutanées, d’infections respiratoires, ou de blessures liées aux manipulations fréquentes et brutales.

Mutilations et manipulations illégales

Pour “sécuriser” les spectacles, certains manipulateurs vont jusqu’à arracher les crochets à venin des serpents venimeux ou à leur coudre la bouche, une pratique dénoncée par plusieurs ONG.

Cela empêche l’animal de mordre, mais aussi de se nourrir ou de respirer correctement. Des cas documentés montrent même des serpents ayant l’anus bouché pour éviter toute défécation lors des shows.

Ces mutilations sont non seulement extrêmement douloureuses, mais elles provoquent aussi un dérèglement physiologique grave, souvent mortel à moyen terme.

4. La loi interdit certaines pratiques, mais les contrôles restent rares

Un cadre juridique flou et mal appliqué

En France comme dans de nombreux pays, l’utilisation d’animaux sauvages dans des spectacles est soumise à des autorisations strictes. L’article L. 413-2 du Code de l’environnement encadre la détention d’espèces protégées, et impose des conditions de bien-être animal.

Mais dans la réalité, les dérogations sont fréquentes et les contrôles, sporadiques. Les spectacles en zone touristique ou les animations lors de festivals échappent souvent aux inspections vétérinaires, malgré des infractions manifestes.

Une enquête de Zoopolis en 2023 a révélé que plus de 70% des présentations itinérantes de reptiles ne respectaient pas les normes minimales de détention.

Peu d’inspections, peu de sanctions

Le problème vient aussi d’un manque de moyens humains : les agents chargés de la protection animale n’ont ni les effectifs ni la formation spécifique pour identifier les pratiques illégales autour des serpents.

Résultat : les sanctions sont rares et les spectacles continuent en toute impunité. Dans certains cas, même les signalements de maltraitance déposés par des associations restent sans suite. Cela encourage une culture de la tolérance implicite, difficile à enrayer sans volonté politique claire.

5. Ces shows favorisent une image faussée du serpent

Une mise en scène anxiogène

À force de voir le serpent présenté comme une bête menaçante, dressée, agitée, le public finit par renforcer ses peurs irrationnelles. Ces spectacles ancrent l’idée que le serpent est agressif, imprévisible, potentiellement mortel — alors que dans la nature, la plupart des espèces fuient l’humain.

La scène est donc trompeuse : ce qui est perçu comme un « numéro » est en réalité un animal stressé et mis en danger, dans un contexte très éloigné de ses comportements naturels.

Un frein à l’éducation et à la conservation

En déformant l’image du serpent, ces spectacles vont à l’encontre des efforts déployés par les centres de conservation, les herpétologistes et les éducateurs pour faire connaître ces espèces.

Loin d’inspirer le respect ou la curiosité scientifique, ils alimentent les stéréotypes négatifs, ce qui peut freiner la protection des milieux où vivent ces reptiles — notamment dans les zones tropicales et méditerranéennes fragiles.

6. Des alternatives éthiques émergent lentement

Spectacles pédagogiques avec encadrement

Face à la montée des critiques, certains professionnels cherchent à proposer des alternatives respectueuses : des présentations encadrées, dans des lieux agréés, avec des serpents nés en captivité, manipulés avec soin et jamais contraints à interagir contre leur volonté.

Ces animations, souvent animées par des passionnés d’herpétologie, mettent l’accent sur la biologie, les écosystèmes et la cohabitation pacifique avec les serpents. Elles permettent une approche ludique et éducative, tout en garantissant le bien-être animal.

Ateliers sans contact ni contrainte

D’autres formats émergent : expositions sans contact direct, ateliers de sensibilisation, rencontres avec des soignants… Le serpent y est observé dans un enclos respectant ses besoins, sans être manipulé ou contraint.

Ce type d’approche suscite moins d’adrénaline, mais davantage de respect. Il permet aux plus jeunes — souvent fascinés ou apeurés — de changer leur regard sur ces animaux souvent mal compris.

7. L’opinion publique évolue, portée par les ONG

Des campagnes de sensibilisation virales

En 2023, une vidéo publiée par Le Parisien montrait un serpent avec la bouche scotchée lors d’un show à Paris. Elle a été vue plus d’un million de fois, provoquant une vague d’indignation sur les réseaux sociaux.

Des associations comme Zoopolis, PAZ (Paris Animaux Zoopolis) ou encore Code Animal multiplient les pétitions, les actions de terrain, les plaintes juridiques pour faire interdire ces pratiques. Leur message : les serpents ne sont pas des marionnettes.

Des interdictions locales en discussion

Certaines villes commencent à agir. À Marrakech, les autorités locales ont interdit temporairement l’usage de serpents sur la place Jemaa el-Fna, après des alertes sanitaires et des plaintes internationales.

En France, plusieurs communes réfléchissent à restreindre les spectacles animaliers itinérants. Si la tendance se poursuit, les spectacles de serpents pourraient bien disparaître des espaces publics dans les années à venir.

Conclusion

Les spectacles de serpents, malgré leur apparente magie, reposent souvent sur des pratiques cruelles, une image trompeuse, et des infractions invisibles. Entre stress animal, manque de contrôle et désinformation, ils soulèvent des problèmes éthiques majeurs.

Des alternatives existent déjà, plus pédagogiques et respectueuses — preuve que l’on peut émerveiller sans faire souffrir.

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