Saviez-vous qu’on compte aujourd’hui plus de 3 900 espèces de serpents recensées dans le monde ?
Ils rampent dans les déserts, les jungles, les montagnes et même sous l’eau… et pourtant, ils appartiennent à quelques grandes familles seulement, aux caractéristiques bien distinctes.
On vous explique ici les 5 familles les plus connues, que l’on croise aussi bien dans la nature que dans les terrariums.
Colubridés, la plus vaste des familles de serpents
Une famille qui regroupe des serpents très variés
Les colubridés (Colubridae) forment de loin la famille la plus nombreuse chez les serpents, avec plus de 1 800 espèces répertoriées.
C’est parmi eux que l’on retrouve une grande partie des serpents communs : couleuvre à collier, serpent roi, serpent ratier, ou encore le faux-corail.
Ils sont présents sur tous les continents sauf l’Antarctique, et s’adaptent à une incroyable variété d’habitats : forêts, prairies, marécages, voire milieux urbains.
Certains sont totalement arboricoles, d’autres terrestres ou aquatiques.
Inoffensifs mais parfois impressionnants
La majorité des colubridés sont non venimeux et donc inoffensifs pour l’homme.
Mais leur diversité est telle que certains présentent des capacités étonnantes :
- mimétisme avec des espèces venimeuses,
- vol plané (comme Chrysopelea),
- ou encore une taille de plus de 2 mètres pour certaines espèces.
C’est dans cette famille que l’on trouve plusieurs des espèces protégées en France selon l’Inventaire national du patrimoine naturel, comme la couleuvre verte et jaune.
Vipéridés, les serpents venimeux les plus redoutés
Une morsure redoutable mais rarement mortelle
Les vipéridés (Viperidae) comptent environ 350 espèces de serpents à venin hémotoxique, c’est-à-dire qu’il détruit les tissus et affecte la circulation sanguine.
Parmi les plus connues :
- les vipères européennes (comme la vipère aspic),
- les crotales d’Amérique (rattlesnakes),
- les fer-de-lance et bothrops d’Amérique latine.
En France, on en recense quatre espèces indigènes, toutes protégées. Leur venin peut être douloureux, mais les décès sont extrêmement rares en Europe.
Un venin utilisé en médecine
Les vipères ne sont pas seulement craintes : leur venin est aussi étudié et utilisé en pharmacologie.
On y trouve des protéines utiles pour :
- traiter l’hypertension,
- prévenir certaines maladies vasculaires,
- ou limiter les effets des AVC.
Par exemple, le venin de la vipère du Gabon, l’une des plus grandes vipères au monde, est étudié pour ses enzymes anticoagulantes puissantes.
Élapidés, les maîtres du venin neurotoxique
Des espèces parmi les plus dangereuses au monde
Les élapidés (Elapidae) comptent plus de 300 espèces de serpents venimeux réparties dans les zones tropicales et subtropicales.
Cette famille abrite les serpents les plus redoutés de la planète, comme :
- le cobra royal,
- le mamba noir,
- les serpents corail,
- ou encore les taipans, parfois considérés comme les plus venimeux du monde.
Ils se distinguent par un venin neurotoxique qui s’attaque au système nerveux et peut entraîner une paralysie rapide. Une seule morsure peut tuer en quelques heures si elle n’est pas traitée.
Un système d’attaque redoutable
Contrairement aux vipéridés qui ont des crochets rétractables, les élapidés possèdent des crochets fixes situés à l’avant de la bouche. Cela leur permet de frapper rapidement et avec précision.
Leur efficacité redoutable repose sur trois éléments :
- un venin puissant injecté en profondeur,
- une rapidité d’attaque impressionnante,
- et un comportement souvent territorial, notamment chez certaines espèces de cobras.
Heureusement, des antivenins efficaces existent aujourd’hui, et les morsures restent rares si l’on respecte les zones à risque.
Boïdés, les géants constricteurs des forêts tropicales
Des serpents puissants mais non venimeux
Les boïdés (Boidae) regroupent les fameux boas constricteurs et anacondas, connus pour leur mode de chasse basé sur la constriction.
Ces serpents n’utilisent pas de venin, mais tuent leurs proies en les enserrant de tout leur poids jusqu’à l’arrêt cardiaque.
Très présents en Amérique du Sud, certains boïdés vivent aussi à Madagascar, dans les Caraïbes et en Amérique centrale. Ils chassent principalement la nuit et se nourrissent de mammifères, oiseaux ou amphibiens.
Des tailles impressionnantes
L’anaconda vert (Eunectes murinus), vivant dans les marécages d’Amazonie, est probablement le serpent le plus massif au monde : il peut dépasser 6 mètres de long pour plus de 200 kilos.
Les boas constricteurs, plus légers, mesurent en général entre 2 et 4 mètres.
Fait étonnant : plusieurs espèces de boïdés sont vivipares, c’est-à-dire qu’elles donnent naissance à des petits déjà formés, sans pondre d’œufs.
Certaines espèces sont aussi populaires en terrariophilie, comme le boa imperator, souvent apprécié pour son comportement calme.
Pythonidés, les cousins géants venus d’Asie et d’Afrique
Des prédateurs de grande taille
Souvent confondus avec les boas, les pythonidés (Pythonidae) forment une autre famille de serpents constricteurs, très répandue en Afrique, en Asie et en Australie.
On y retrouve :
- le python royal (Python regius),
- le python molure (Python molurus),
- et le python réticulé, connu pour être le plus long serpent du monde, avec des spécimens pouvant dépasser 7 mètres.
Ces serpents tuent leurs proies comme les boïdés, par constriction. Ils avalent ensuite leur proie entière, parfois aussi grosse qu’un cerf ou un singe.
Des comportements fascinants
Contrairement aux boïdés, les pythons pondent des œufs.
Certaines femelles, comme chez le python royal, gardent leurs œufs et les réchauffent en les entourant de leur corps. Cette incubation comportementale est rare chez les reptiles.
Ils sont aussi capables de jeûner plusieurs mois, parfois plus d’un an, après avoir consommé une proie très volumineuse.
Le python royal est particulièrement apprécié des passionnés, car il est docile, facile à maintenir et présente de nombreuses morphs (couleurs et motifs) en captivité.
Familles moins connues mais tout aussi fascinantes
Typhlopidés, les serpents aveugles qui vivent sous terre
On connaît peu cette famille, et pour cause : les typhlopidés (Typhlopidae) sont des serpents fouisseurs, qui passent leur vie sous terre.
Ils mesurent généralement moins de 30 centimètres, ressemblent à des vers, et sont pratiquement aveugles : leurs yeux sont réduits à de simples points sous les écailles.
Ils se nourrissent principalement de larves, termites ou fourmis, qu’ils avalent entiers à l’aide d’un petit crâne solide et d’une mâchoire mobile.
Leur corps est lisse et fuselé, ce qui leur permet de se faufiler facilement dans le sol ou sous les feuilles mortes.
On les trouve dans les zones tropicales d’Afrique, d’Asie, d’Australie et des Amériques.
Malgré leur discrétion, ils jouent un rôle écologique crucial en régulant les populations d’insectes souterrains.
Acrochordidés, les serpents aquatiques à la peau rugueuse
Les acrochordidés (Acrochordidae) forment une famille étrange de serpents strictement aquatiques, vivant en Asie du Sud-Est, en Indonésie et en Australie.
Ce qui les rend uniques :
- leur peau relâchée et rugueuse, presque comme celle d’un sac en tissu humide,
- leur corps aplati latéralement,
- et leur mode de vie exclusivement en eau douce ou saumâtre.
Ils se déplacent lentement et attrapent leurs proies – poissons et amphibiens – grâce à un système de détection tactile extrêmement sensible.
Ils peuvent rester en apnée plusieurs minutes, totalement immergés et immobiles, en embuscade.
Bien qu’ils n’aient aucun venin, leur apparence peu engageante les rend souvent méconnus, voire redoutés à tort.
Familles marines et serpents des océans
Hydrophiidés, les serpents de mer venimeux
Les hydrophiidés (Hydrophiinae), souvent appelés serpents marins, sont entièrement adaptés à la vie en mer.
Ils vivent dans l’océan Indien et le Pacifique, notamment autour de l’Australie, de la Polynésie et de l’Asie du Sud-Est.
Leurs caractéristiques les plus notables :
- une queue palmée en forme de pagaie pour la nage,
- des poumons surdimensionnés,
- et surtout, un venin très toxique, parfois plus que celui du cobra royal.
Heureusement, ils sont très peu agressifs envers l’homme. Certains peuvent même absorber de l’oxygène par leur peau, un phénomène très rare chez les vertébrés.
Ces serpents marins se nourrissent principalement de poissons, de murènes et d’anguilles. Certains ont des crochets si courts qu’ils ne peuvent mordre que dans l’eau.
Laticaudidés, les serpents marins amphibies
À ne pas confondre avec les hydrophiidés, les laticaudidés (Laticaudidae) vivent aussi en mer, mais reviennent régulièrement à terre pour se reposer ou pondre leurs œufs.
Ils sont reconnaissables à leur corps cylindrique, leur queue aplatie et leur coloration zébrée très marquée (bleu/noir).
Le plus connu est sans doute le laticauda colubrina, visible dans les eaux tropicales du Pacifique.
Bien qu’eux aussi possèdent un venin puissant, ils sont peu dangereux pour l’homme, sauf en cas de manipulation ou de défense.
Cette famille constitue une transition évolutive entre les serpents terrestres et marins : un exemple fascinant de l’adaptation animale.
Familles endémiques et espèces rares
Leptotyphlopidés, les micro-serpents insaisissables
Appelés aussi serpents fils-de-ver, les leptotyphlopidés sont de très petits serpents fouisseurs présents en Afrique, en Amérique et au Moyen-Orient.
Certains adultes ne dépassent pas 10 centimètres de long, ce qui en fait les plus petits serpents du monde.
Comme les typhlopidés, ils vivent sous la surface du sol, dans les racines ou sous les pierres, et se nourrissent de larves et d’œufs d’insectes.
Discrets, inoffensifs, parfois même translucides, ces serpents sont difficiles à observer et donc encore mal connus des chercheurs.
Xenopeltidés, les serpents à écailles brillantes
Les xenopeltidés, ou serpents à écailles brillantes, vivent dans les forêts humides d’Asie du Sud-Est.
Ils possèdent une particularité remarquable : leurs écailles iridescentes, qui reflètent la lumière comme du métal poli.
Ce sont des serpents terrestres et fouisseurs, très discrets, mesurant rarement plus d’un mètre.
Ils se nourrissent de petits vertébrés et ont une apparence presque préhistorique, ce qui intrigue les herpétologues.
Ils n’ont pas de venin et mordent rarement. Leur beauté leur vaut parfois d’être recherchés, bien qu’ils soient peu courants en captivité.
Familles fossiles et serpents disparus
Les serpents géants préhistoriques
Parmi les espèces éteintes, certaines familles fossiles témoignent d’un passé impressionnant :
- Titanoboa, découvert en Colombie, aurait atteint 13 mètres de long pour un poids estimé à plus d’une tonne.
- Des fossiles de serpents marins géants ont également été retrouvés en Europe et au Moyen-Orient.
Ces serpents vivaient il y a environ 60 millions d’années, après l’extinction des dinosaures, dans des climats chauds et humides.
Leur étude permet de mieux comprendre l’évolution des serpents modernes et leur incroyable adaptation au fil des ères.
L’évolution des familles modernes
Les familles actuelles de serpents sont le résultat de plus de 100 millions d’années d’évolution.
Des analyses génétiques récentes ont permis de reconstruire l’arbre phylogénétique des serpents et de retracer leurs origines communes avec les lézards souterrains.
Certaines familles (comme les boïdés et les pythonidés) conservent des vestiges de membres postérieurs, preuve de leur passé reptilien.
La diversité observée aujourd’hui est donc le fruit de mutations, spécialisations et isolements géographiques sur plusieurs continents.
Conclusion
Les 3 900 espèces de serpents connues aujourd’hui se regroupent majoritairement dans cinq grandes familles.
Les colubridés dominent en nombre, les vipéridés et élapidés impressionnent par leur venin, tandis que les boïdés et pythonidés fascinent par leur force et leur taille.